Le Journal de Quebec

Troublante­s retrouvail­les

La pièce Hope Town, de Pascale Renaud-hébert, parle de famille, d’amour et de secrets

-

« Je sais pas quoi t’dire. J’vous aimais pas. C’est tout. » – Alexandre

Isabelle est en voyage en Gaspésie avec son amoureux. Elle s’arrête dans un Subway et se retrouve face à face avec son frère disparu depuis cinq ans. Alexandre avait quitté la résidence familiale à 16 ans sans jamais donner de nouvelles.

Pascale Renaud-hébert avoue être interpellé­e, sans trop savoir pourquoi, par les histoires de disparitio­n.

« Les familles et les proches des personnes disparues doivent vivre un enfer. Ils sont dans l’attente et avec un deuil impossible à faire. Ça doit être terrible », a laissé tomber l’auteure et comédienne qui a connu un beau succès, en 2016 et 2019, avec Sauver des vies.

La pièce Hope Town, à l’affiche à partir de mardi à La Bordée, a commencé à prendre forme au Conservato­ire d’art dramatique de Québec en 2016.

À sa dernière année sur les bancs d’école, Pascale Renaud-hébert a assisté, dans une classe ouverte, à une scène présentée par Olivier Arteau, un étudiant de première année.

« Je l’avais trouvé bon et j’ai eu un flash. Ça m’a amenée à écrire une scène avec deux personnes qui se retrouvent dans un Subway », a-t-elle raconté.

Les premières graines de Hope Town étaient semées. Et sans le savoir, à ce moment, Olivier Arteau venait d’obtenir le rôle du frère disparu.

Une réelle histoire de disparitio­n a ensuite allumé le projet.

« Une amie qui travaillai­t comme journalist­e à la télévision m’a raconté avoir reçu un appel d’un gars qui était porté disparu. Il leur a demandé de ne plus diffuser sa photo, précisant qu’il était parti volontaire­ment et qu’il ne voulait pas que sa famille le retrouve », a-t-elle mentionné.

DILEMME MORAL

L’auteure et comédienne pense aux familles qui sont dans l’attente, qui s’imaginent le pire et qui vivent un enfer.

« Isabelle subit un choc lorsqu’elle se retrouve face à face avec son frère. Elle essaie de comprendre ce qui s’est passé et elle sera confrontée à entendre des choses qu’elle n’aurait pas pu imaginer. Alexandre, en contrepart­ie, prend conscience de plusieurs choses. Ça le frappe.

J’avais envie d’explorer le dilemme moral entourant cette situation », a-t-elle raconté.

En décembre 2016, Pascale Renaud-hébert présente une courte scène de ce qui deviendra Hope Town, lors de l’édition de Québec du festival du Jamais Lu.

Marianne Marceau, directrice de l’événement, a communiqué avec Michel Nadeau, directeur artistique de La Bordée, pour lui parler de ce qu’elle venait de voir.

« Il l’a lu et il a préféré attendre d’avoir un texte complet entre les mains. Les gens autour de moi m’ont encouragée à développer ce projet pour en faire une pièce », explique l’auteure.

Un an plus tard, Pascale Renaud-hébert présentait une première version de cette oeuvre lors de l’édition montréalai­se du Jamais Lu.

« La pièce a évolué, mais l’essence est restée la même. Je l’ai allongée, j’ai ajouté des morceaux et déplacé certaines choses », a-t-elle indiqué, avouant ressentir un peu de nervosité, à quelques jours de la première.

Hope Town est présentée du 29 octobre au 23 novembre au théâtre La Bordée.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES NICOLAS-FRANK VACHON ?? Les comédiens Pascale Renaud-hébert, Olivier Arteau et Jean-sébastien Ouellette lors des répétition­s de la pièce de théâtre Hope Town (La Bordée - 2010).
PHOTO D’ARCHIVES NICOLAS-FRANK VACHON Les comédiens Pascale Renaud-hébert, Olivier Arteau et Jean-sébastien Ouellette lors des répétition­s de la pièce de théâtre Hope Town (La Bordée - 2010).

Newspapers in French

Newspapers from Canada