Occasion ratée
Un gouvernement qui n’a jamais négocié avec les employés de l’état, des finances publiques débordantes de surplus budgétaires et une économie qui ne s’essouffle pas devraient créer une conjoncture favorable à une négociation moins acrimonieuse.
Cependant, les premiers signes laissent entrevoir un parcours laborieux.
LES MAUVAIS COUPS
Faisant preuve d’un manque de réserve, le premier ministre a luimême allumé la mèche du baril de poudre en opposant les salariés à la population et en affirmant que les vraies augmentations seront pour les profs en début de carrière et les préposés aux bénéficiaires.
Les autres travailleurs devront se contenter d’un ajustement égal à l’inflation. En plus de provoquer inutilement et de braquer ses employés, il jette de sérieux doutes sur son obligation légale de négocier de bonne foi.
Conséquence de la dernière ronde de négociation, les organisations syndicales ne sont pas parvenues à convaincre leurs membres de constituer un front commun.
Pour plusieurs syndiqués, l’alliance de 2015 aurait nui à leurs revendications. Avec cette volonté de faire cavalier seul, les syndicats se comportent comme des voisins gonflables, qui veulent paraître les plus revendicateurs avec des demandes à l’avenant.
Au-delà du risque d’être perçus comme déraisonnables par la population, les syndicats affronteront peut-être la colère des membres en ayant monté si haut les attentes dont on peut déjà anticiper l’impossibilité de toutes les combler.
LE PRÉVISIBLE
Les organisations syndicales se guetteront comme chiens de faïence au cours des discussions avec l’état.
Aucune ne voudra avoir l’air de fléchir ou d’apparaître plus faible que les autres. Une situation similaire en 2005 a débouché sur un décret gouvernemental. Advenant une telle issue, le vernis de la CAQ craquera et sa lune de miel prendra de l’ombre.
Dans sa virginité d’employeur, le gouvernement caquiste a raté une excellente occasion de réformer un régime de négociation qui produit plus de frustration que de satisfaction !