Nathalie Normandeau voulait s’expliquer à L’UPAC
Selon un livre-choc sur le financement du Parti libéral du Québec
En colère et en pleurs le jour de son arrestation, l’ancienne ministre libérale Nathalie Normandeau a soutenu avoir offert de rencontrer L’UPAC pour s’expliquer, trois ans avant son arrestation en 2016.
Ces révélations sont contenues dans le livre PLQ inc., écrit par notre Bureau d’enquête, qui est en librairies depuis hier.
Le 17 mars 2016, Mme Normandeau est arrêtée à son domicile par l’unité permanente anticorruption (UPAC), en même temps que six autres personnes. Parmi elles, se trouvent également des dirigeants du cabinet de génieconseil Roche, dont l’ex-ministre libéral Marc-yvan Côté.
Comme c’est le cas dans ce type d’opération d’envergure, les policiers procèdent simultanément, au petit matin.
Dans la salle d’interrogatoire où elle se retrouve, Mme Normandeau blâme les policiers pour leur refus de la rencontrer, ce qu’elle leur avait proposé quelques années avant son arrestation. Les documents obtenus par notre Bureau d’enquête montrent qu’elle n’est pas la seule dans cette situation, parmi les personnes arrêtées avec elle ce jour-là. Mais elle est en colère.
Un enquêteur qui l’a arrêtée, constatant à quel point elle est bouleversée, notera dans son calepin qu’il craint pour son « bien-être » et sa « sécurité ».
Notre Bureau d’enquête a eu accès à des documents policiers qui racontent, minute par minute, cette journée durant laquelle l’ex-vice-première ministre répétera à plusieurs reprises que sa « vie est finie ». (Les principaux moments sont décrits ci-contre.)
POUVOIR DISCRÉTIONNAIRE
Ces arrestations, largement médiatisées, sont survenues dans le cadre des enquêtes Joug et Lierre de L’UPAC, qui s’intéressent à l’implication de la firme d’ingénierie Roche et d’autres entreprises dans le financement du Parti libéral du Québec.
Selon les policiers, le cabinet de Mme Normandeau, alors qu’elle était aux Affaires municipales, a accordé des subventions à des projets impliquant notamment Roche.
L’UPAC note dans ses analyses que les contributions politiques à Mme Normandeau ont doublé, de 2004 à 2007, « essentiellement » grâce à « du financement par les firmes ».
Dans son témoignage devant la commission Charbonneau, en juin 2014, Mme Normandeau avait dû expliquer ses décisions de hausser des subventions dans une trentaine de projets d’infrastructures reliés au traitement de l’eau, malgré les avis contraires de fonctionnaires dans certains cas.
« Je ne pense pas que c’est abuser de son pouvoir discrétionnaire », avait-elle déclaré en faisant valoir que ses interventions s’étaient limitées à 4,5 % des dossiers.
Par la suite, les enquêteurs poursuivent leur travail. Jusqu’à ce matin du 17 mars 2016, où la vie de Mme Normandeau bascule.