VOICI CE QU’ILS VOULAIENT VOUS CACHER
Des détails de l’enquête Mâchurer rendus publics alors que l’ex-pm lorgne la tête du Parti conservateur
« Ce financement est sollicité au niveau des grandes entreprises du Québec, comme les firmes d’ingénierie, les firmes d’avocats et les entrepreneurs, via un système de prête-noms »
– Extrait des affidavits rédigés par l’agente Sophie Plourde de la Sûreté du Québec « Lorsqu’il a remis l’enveloppe à Marc Bibeau et qu’il l’a informé qu’il y avait de l’argent comptant, ce dernier a sauté dans les airs, disant que ça ne se faisait pas »
– Tiré du témoignage de Pierre Anctil, ex-cadre chez Snc-lavalin
Ddons en argentt comptant,tt enveloppesl de d chèques au Parti libéral remises dans son bureau et allégations de trafic d’influence. Voilà quelques-unes des informations contenues dans des mandats de perquisition de L’UPAC que l’ex-argentier libéral Marc Bibeau tentait de garder secrètes depuis des années.
La Cour suprême du Canada a refusé hier d’entendre l’appel de l’homme d’affaires qui voulait empêcher la publication des motifs qui ont mené à la perquisition de ses bureaux en 2016.
La décision intervient à un mauvais moment pour son ancien très bon ami Jean Charest qui doit annoncer sa décision de se lancer ou non dans la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada dans les prochains jours.
L’ancien chef du Parti libéral du Québec est toujours visé par l’unité permanente anticorruption (UPAC) tout comme Marc Bibeau. Lors de la perquisition secrète de 2016, les policiers ont utilisé des techniques à la James Bond ( voir autre texte en page 7).
Selon les mandats, plusieurs chefs d’entreprise de génie-conseil et de construction ont raconté aux policiers l’influence de Bibeau auprès du gouvernement et les tactiques pour financer le Parti libéral.
DONNER POUR « RESTER EN VIE »
C’est ainsi que Giuseppe « Joe » Borsellino de Construction Garnier a raconté avoir financé le parti en remboursant les cadres de sa compagnie par des bonis annuels. Ces derniers faisaient ensuite des chèques au nom du PLQ. Selon les affidavits liés aux mandats, il contribuait au financement politique pour être dans l’équipe, pour que son entreprise puisse « rester en vie ».
« Qu’il considère que plus il donnait, plus il avait de gros contrats », peut-on lire dans le document.
En tout, une dizaine de dirigeants d’entreprise ont livré des témoignages aux policiers ( voir autre texte). Certaines informations sont déjà connues puisqu’elles ont fait l’objet de fuites dans les médias ou ont été divulguées durant la commission Charbonneau. Cela n’a pas empêché l’ex-argentier de porter jusqu’en Cour suprême chacune des décisions de tribunaux québécois de rendre public le contenu des mandats. Les informations contenues dans ces mandats n’ont pas été testées en cour.
BIBEAU SE DÉFEND
Ces derniers devaient permettre aux policiers de L’UPAC de mener une perquisition secrète aux locaux des entreprises de la famille Bibeau sur le boulevard Arthur-sauvé, à Saint-eustache.
Les avocats de Marc Bibeau ont réagi par communiqué à la décision de la Cour suprême. Ils soutiennent que l’homme d’affaires s’est rendu jusqu’en Cour suprême pour empêcher la médiatisation d’allégations non vérifiées et basées sur du ouï-dire. « M. Bibeau tient à réaffirmer son intégrité et maintient qu’il continuera à faire valoir ses droits. Son engagement politique s’est toujours fait librement, bénévolement, par conviction personnelle et en conformité avec les lois », écrit l’avocat Léon Moubayed du cabinet Davies Ward Phillips & Vineberg. C’est la troisième fois qu’une cause impliquant Marc Bibeau se rend à la porte de la Cour suprême qui a toujours refusé les demandes. Dans les autres cas, les avocats de Bibeau contestaient des éléments des mandats portant sur le secret professionnel. Une avocate et un notaire sont employés de la famille Bibeau, ce qui peut limiter l’accès à certaines de leurs communications.