Trois ans de prison en France pour un proche de l’ancien PM
Un homme d’affaires nommé au conseil d’administration d’hydro-québec sous Jean Charest a été condamné hier à trois ans de prison en France pour avoir détourné l’équivalent de 44 M$.
Louis Lagassé, notaire à Sherbrooke, a été accusé en 2013 « d’abus de bien social, de banqueroute et de détournement de fonds » en France.
Il avait racheté en 2005, de la compagnie EADS, une société de télécommunication numérique située à Douarnenez, en Bretagne. Il a ensuite créé LCI (Lagassé Communication Industrie), employant 220 salariés. Mais en 2012, l’entreprise a été liquidée.
Lors du procès de Lagassé à Quimper l’automne dernier, le procureur au dossier lui reprochait d’avoir « siphonné » l’entreprise pour 30 millions d’euros « pour se renflouer au Canada ».
Lagassé, 72 ans, a été reconnu coupable, puis condamné hier à trois ans d’emprisonnement ferme.
DÉLIT FINANCIER GRAVE
« Louis Lagassé, par ses agissements, commis sur une longue période, a appauvri une personne morale, au point de la rendre si exsangue que le tribunal de commerce n’a pu que décider de sa liquidation judiciaire », peut-on lire dans le jugement, dont Le Journal a obtenu copie.
Il a aussi écopé d’une amende de 375 000 euros, en plus de devoir rembourser 6 M d’euros et offrir 180 000 euros en indemnisation à 21 des salariés licenciés.
« Il s’agit d’une décision satisfaisante, mais pas très sévère à l’égard des malversations pour lesquelles il a été jugé », a dit au Journal hier Dominique Le Guillou Rodrigues, l’avocate représentant ces employés.
Selon elle, il s’en sort « largement gagnant sur le plan financier ». Elle qualifie ce crime comme « un des délits financiers les plus graves » en France.
INNOCENCE CLAMÉE
Lagassé était absent au moment du prononcé de sa sentence hier, pour des raisons de santé, selon son avocat. Selon Me Kossi Amavi, le septuagénaire a été opéré le 22 décembre dernier et se déplace depuis en fauteuil roulant.
D’ailleurs, M. Lagassé « clame toujours son innocence », a commenté l’avocat.
« Il a fait ce que tout homme qui gère une société doit faire », a-t-il indiqué, estimant que ce « procès n’aurait pas eu lieu au Canada ni ailleurs en Europe ».
M. Lagassé a 10 jours pour faire appel de cette condamnation.
L’homme d’affaires est connu comme un proche du PLQ. Entre 1997 et 2012, il a presque toujours donné le maximum permis par la loi au parti, pour un total de 30 290 $ révélait notre Bureau d’enquête en novembre dernier. En 2002, il a aussi été le président d’honneur du tournoi de golf annuel de Jean Charest.
Contacté par Le Journal hier, il n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.
– Avec la collaboration de L’AFP