Bombardier a besoin d’argent... et vite
Des analystes évoquent la vente de sa division d’avions d’affaires
La relance de Bombardier s’enlise. La multinationale québécoise a annoncé hier de nouvelles pertes financières qui pourraient la forcer à vendre sa division d’avions d’affaires, très présente à Montréal.
« Nous examinons de façon détaillée différentes solutions qui nous permettraient d’accélérer le remboursement de notre dette », a déclaré hier le PDG de Bombardier, Alain Bellemare, dans un communiqué qui a eu pour effet de faire chuter l’action de l’entreprise de plus de 30 %. Le titre a clôturé à 1,22 $ à la Bourse de Toronto.
Bombardier a révélé avoir consommé 1,2 milliard $ US de liquidités en 2019, soit 600 millions $ US de plus que ce que prévoyaient les analystes.
COÛTS IMPRÉVUS
Des problèmes récurrents de la division ferroviaire au Royaume-uni, en Suisse et en Allemagne ont encore entraîné des coûts importants. De plus, des retards ont empêché Bombardier de livrer quatre luxueux avions Global 7500 avant la fin de l’année, ce qui l’a momentanément privée d’environ 300 millions $ US.
« Les investisseurs sont nerveux à propos des liquidités de l’entreprise, et avec raison », a écrit dans une note l’analyste Cameron Doerksen de la Financière Banque Nationale. Rappelons que Bombardier traîne une dette de plus de 9 milliards $ US.
« Notre plan de redressement prend du retard », a confié hier au Journal une source bien informée chez Bombardier. Celle-ci a toutefois assuré que M. Bellemare, l’instigateur de ce plan, demeure bien en selle à l’approche de son cinquième anniversaire à la tête de l’entreprise.
SURCAPACITÉ DANS LE MARCHÉ
Des analystes avancent que Bombardier pourrait devoir vendre l’une de ses deux divisions pour se sortir du marasme. Selon M. Doerksen, l’entreprise pourrait obtenir 6,6 milliards $ US en cédant ses activités en aviation d’affaires. Or, celles-ci emploient des milliers de personnes à Montréal (trois usines) et à Toronto (une usine).
Dans une note, l’analyste Seth Seifman de J.P. Morgan mentionne « la nécessité d’une consolidation dans un marché en situation de surcapacité ». Il va même plus loin en lançant l’idée que la totalité de Bombardier soit vendue.
La situation financière de Bombardier est telle que l’entreprise est maintenant prête à vendre sa participation de 33,6 % dans le programme d’avions A220, comme Alain Bellemare l’avait évoqué en novembre au Journal. Cameron Doerksen calcule que Bombardier pourrait en tirer 949 millions $ US, soit moins de la moitié de sa valeur comptable actuelle.