On sait où est Charlie
Charlie Bilodeau a relancé sa carrière depuis les Jeux olympiques
MISSISSAUGA | Si Charlie Bilodeau se qualifie pour les championnats du monde à Montréal, les amateurs québécois de patinage artistique trouveront un homme différent de celui qu’ils ont découvert aux Jeux olympiques, il y a deux ans.
Décidément, le natif de Trois-pistoles a multiplié les grands coups pour relancer sa carrière : rupture surprise d’avec sa partenaire Julianne Séguin après les Jeux en 2018, une année loin de ses patins, un mariage et une nouvelle complice sur la glace en Lubov Ilyushechkina.
Il y a un lien simplet à faire avec le livrejeux « Où est Charlie ? » qui nous invite à retrouver un joyeux personnage aux lunettes rondes fondu dans une mosaïque colorée. Dans ce cas-ci, le véritable Charlie en chair et en os, celui qui appartient à l’élite mondiale du patinage artistique, on l’a retrouvé là où il se situe maintenant : bien dans sa peau.
« Je me sens plus léger. Après l’achèvement du rêve olympique, je me suis demandé : qu’est-ce que je veux faire de ma vie ? Comment je veux appréhender la suite ? Ce n’est pas toujours facile de se retrouver, mais quand tu réussis à remettre toutes les choses en perspective, tu deviens plus serein », partageait hier l’athlète de 26 ans à l’approche du programme court d’aujourd’hui aux championnats canadiens à Mississauga.
UNE NOUVELLE APPROCHE
Bilodeau et sa nouvelle partenaire lutteront pour devenir l’un des deux couples que le Canada assignera aux mondiaux à Montréal, du 16 au 22 mars. Si le duo de Kirsten Moore-towers et Michael Marinaro part favori, le troisième rang obtenu par le Québécois et son alliée à un Grand Prix en Chine, à la mi-novembre, atteste de leur fusion en accéléré après seulement neuf mois ensemble.
Les deux dernières années lui ont cependant permis de réaliser qu’il ne se laissera plus hypnotiser par ce genre de récompense ultime. Il dit avoir vécu quelque chose de « malsain », il y a deux ans, quand lui et Julianne Séguin avaient trop mis l’accent sur leur sélection pour les Jeux de Pyeongchang, une spirale qui a fait dévier des regards leur progression obtenue jusque là.
« Si on ne s’était pas qualifié pour les Jeux, est-ce que ça aurait fait de moi un athlète moins accompli ? » questionne-t-il aujourd’hui.
« C’est sûr que je serais terriblement déçu [de ne pas participer aux mondiaux à Montréal], mais je peux regarder ça avec une perspective. Je pratique un sport dans lequel je raterais une sélection, mais c’est quelque chose qui peut arriver à tout moment à tout grand athlète, que ce soit en raison d’une blessure ou d’une contre-performance. Avec l’expérience, on arrive à prendre du recul. Je suis content de pouvoir maintenant accepter l’échec aussi. »
UNE DÉCISION DIFFICILE
Tout ça grâce au « cheminement personnel et assez intense » qu’il s’est offert après les Jeux. Durant un an, il a beaucoup voyagé, s’est adonné à d’autres activités qu’il avait longtemps négligées et, plus
que tout, il a échangé symboliquement des anneaux de mariage avec Charlotte, son amoureuse.
Cette réflexion sur son sport explique sa décision professionnelle de s’être séparé de Julianne Séguin, avec qui il avait obtenu la médaille d’argent aux championnats mondiaux juniors en 2015 avant de créer la surprise avec leur neuvième rang aux Jeux olympiques.
« Ce n’était rien contre elle. J’avais seulement l’impression que je n’étais plus le partenaire dont elle avait besoin, tout comme elle n’était plus la partenaire dont j’avais besoin. Il n’y a pas eu de chicane, on est encore allé prendre un café récemment. Dans le sport de haut niveau, on essaie toujours d’atteindre des hauts sommets et il y a parfois des décisions difficiles à prendre. Celle-là, ça en était une. »