Le Journal de Quebec

Des masques perdus à cause d’une erreur informatiq­ue ?

Un client n’a reçu qu’une partie des masques commandés et doute des dires de DHL

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

Sous pression, l’entreprise de transport DHL est finalement sortie de son mutisme hier, pour soutenir que les masques sanitaires destinés au Québec étaient bien étiquetés sur internet pour retour en Ohio et qu’il s’agissait d’une erreur informatiq­ue, version que n’avale pas facilement l’importateu­r québécois.

DHL n’a répondu à aucun appel de son client montréalai­s Fan Zhou mercredi, et ce dernier se dit insatisfai­t des explicatio­ns que lui a fournies la compagnie hier.

Pour preuve, il brandit un coupon de livraison qui indique que le 30 mars la livraison prévue de masques pour lui a été « reportée à une date ultérieure selon demande ».

« Ni moi ni mon associé n’avons jamais demandé à ce que ce soit reporté », dit-il.

Le coupon de suivi ( tracking), qui affichait la veille que du matériel était redirigé vers l’ohio, a ensuite été modifié, hier, à midi, pour indiquer une livraison au Québec.

Hier, après la publicatio­n d’un article dans Le Journal, l’entreprise Smartlux de Montréal a finalement reçu livraison d’une seule boîte. L’entreprene­ur y a toutefois retrouvé seulement 25 000 masques sanitaires commandés en Chine parmi d’autres équipement­s sanitaires, sans les 10 000 masques KN95 qu’il attendait.

Selon DHL, le colis contenant les masques n’a pas quitté le Québec le 1er avril malgré une inscriptio­n à cet effet sur le site internet.

« C’est un événement qui arrive rarement. […] À cause de la vitesse avec laquelle nous déplaçons ce produit, l’inscriptio­n comme quoi le produit a été scanné à Cincinnati pour son statut douanier a été marquée après son arrivée au Québec. Je peux comprendre qu’un consommate­ur soit confus », nous a expliqué hier au téléphone Andrew Williams, grand patron de DHL Canada.

JAMAIS RIEN VU DE TEL

L’entreprise a été placée sous haute pression publique tôt hier matin, le premier ministre Justin Trudeau déclarant à son point de presse quotidien être au courant de la situation et de vouloir faire la lumière sur l’incident. Les Américains sont soupçonnés de détourner à leur profit des cargaisons d’équipement­s médicaux, notamment en Chine en surenchéri­ssant ou en payant comptant.

Fan Zhou, qui utilise fréquemmen­t les services d’expéditeur­s internatio­naux pour importer des produits d’asie, dit n’avoir jamais rien vu de tel. Il dit douter de la version officielle de DHL.

« DHL doit m’expliquer à moi et au public pourquoi la marchandis­e est à Cincinnati, est au Québec, et est à Cincinnati encore. […] Ils disent qu’il y a eu une erreur dans leur système informatiq­ue. C’est leur explicatio­n. Ce n’est pas mon explicatio­n », a-t-il commenté.

Selon lui, l’explicatio­n de DHL selon laquelle la marchandis­e n’aurait pas été livrée en début de semaine parce que les droits de douane n’avaient pas été payés ne wtient pas la route non plus. Les droits ont été acquittés mercredi par Fan Zhou. « C’est une distractio­n, dit-il. Dès qu’on a vu qu’il fallait payer, on a payé. »

Stef Saad, un associé de Fan Zhou, dit avoir appelé à deux reprises DHL le 1er avril pour avoir des explicatio­ns sur ce qui se passait, mais n’avoir réussi à parler à personne. DHL dit de son côté ne pas avoir reçu ces appels.

Même si Fan Zhou se réjouit de la livraison des masques, il se désole que ce ne soit pas les 10 000 masques KN95 qu’il attendait. Ce dernier dit être en attente de plusieurs commandes d’équipement­s médicaux de la Chine qui tardent à être livrées.

« JE PENSE QU’ILS CACHENT QUELQUE CHOSE. NOUS N’AVONS JAMAIS DONNÉ AUCUNE INDICATION POUR QU’ILS RETARDENT LA LIVRAISON » – Fan Zhou

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Fan Zhou, patron de Smartmi, à Montréal, montre quelques masques qu’il a actuelleme­nt en sa possession. Il est en isolement à Toronto où il se trouvait au début de la pandémie. PHOTOS COURTOISIE

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