Le Journal de Quebec

Pour un maître chez nous sanitaire

- ANTOINE ROBITAILLE e Blogueur au Journal antoine.robitaille @quebecorme­dia.com

La réponse de François Legault a été franche et directe, à l’image de celles qui lui ont valu un appui massif des Québécois depuis le début de l’ère covidienne.

« S’il y a une leçon qu’on tire de la crise actuelle, c’est qu’on devrait être autonome pour les biens qui sont essentiels, puis l’équipement médical, c’est un bien essentiel. »

Le premier ministre parlait de la possible pénurie de masques médicaux, évidemment, mais aussi d’autres équipement­s nécessaire­s à la protection de nos « anges gardiens », comme des gants et des blouses.

On a pu constater dans la dernière semaine l’aspect stratégiqu­e de ces outils. Mais aussi l’état de dépendance inouï dans lequel le Québec et le Canada ont lentement glissé depuis deux décennies en ces matières.

Le Québec en est à explorer la possibilit­é de réutiliser le matériel, de restérilis­er les masques. Comme s’amusait Gaétan Barrette, sur Twitter : « C’est comme des bobettes, sont mieux d’être propres ! » De sympathiqu­es « Couturière­s unies contre COVID-19 ! » ont commandé du tissu et commencé à fabriquer des masques, des blouses.

PAS DE CADEAUX

Ça joue dur dans le monde de l’approvisio­nnement médical en ces temps de crise. Les États ne se font pas de cadeaux, comme toujours dans les relations internatio­nales.

Donald Trump incarne cet égoïsme jusqu’à la caricature. Constatant l’aggravatio­n de la crise de la COVID-19 chez lui, il a invoqué une vieille loi datant de 1950, la Defense Production Act (DPA) pour interdire au géant 3M d’exporter des masques N95 au Canada et dans les pays latino-américains.

3M a protesté ; le premier ministre Trudeau aussi, évoquant même d’empêcher lui aussi des exportatio­ns. (Bien essayé, mais peu convaincan­t.)

C’est là l’effet de la logique protection­niste. Tu me menaces, alors je te menace. On se claquemure. La mondialisa­tion avait certes quelque chose de naïf, mais voulait justement en finir avec la spirale des égoïsmes nationaux.

Surtout à une époque où les problèmes sont si souvent transnatio­naux.

Une chauve-souris, en Chine, donne un virus à un pangolin qui le transmet à un être humain, et hop, c’est parti pour un effondreme­nt mondial.

Sauf qu’en cherchant à appliquer le principe du libre-échange, l’occident a surtout transformé la Chine en manufactur­e du monde. Et nous en sommes devenus trop dépendants.

MAÎTRES CHEZ NOUS

Comment refonder notre souveraine­té sanitaire ?

En agissant, comme François Legault l’a évoqué hier, selon la logique d’un maître chez nous. À court terme, ne comptons pas trop sur le fédéral et tentons de nous approvisio­nner directemen­t. Un jet désoeuvré d’air Transat pourrait aller chercher une cargaison de masques en Chine au nom du Québec, me disait un élu, hier ! La santé est de notre compétence.

À moyen terme, rapatrions le manufactur­ier stratégiqu­e chez nous. Fabriquons nos masques, nos blouses, nos gants. Et pourquoi pas certains médicament­s « stratégiqu­es » ?

L’idée de Pharma-québec, proposée par Amir Khadir de Québec solidaire, il y a cinq ans (avec son projet de loi 197), devrait être réexaminée. Cette société d’état pourrait avoir un volet fourniture­s médicales, et même commencer par là.

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« S’il y a une leçon qu’on tire de la crise actuelle, c’est qu’on devrait être autonome pour les biens qui sont essentiels, puis l’équipement médical, c’est un bien essentiel. » – François Legault
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