Le Journal de Quebec

La Suède rejette les accusation­s

Plusieurs critiquent la gestion passive des autorités

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STOCKHOLM | (AFP) La manière dont la Suède gère la crise sanitaire liée au coronaviru­s, moins contraigna­nte que la plupart des pays européens, soulève des questions critiques, mais le gouverneme­nt rejette tout procès en passivité malgré des signes inquiétant­s.

Ce pays de 10,3 millions d’habitants vient de franchir le cap des 6000 cas confirmés et déplore déjà 333 morts, une mortalité nettement plus élevée que celle observée chez ses voisins nordiques.

« Non, on ne fait pas comme si de rien n’était en Suède », s’est défendu la ministre de la Santé, Lena Hallengren, lors d’une réunion avec la presse internatio­nale, jeudi, à Stockholm.

Les autorités suédoises ont été accusées ces dernières semaines, tant au niveau internatio­nal que national, de mettre en danger la vie des citoyens faute de mesures assez strictes pour endiguer la pandémie.

PAS DE CONFINEMEN­T

En Suède, le confinemen­t de la population n’est pas d’actualité. Le gouverneme­nt appelle chacun à « prendre [ses] responsabi­lités » et à suivre les recommanda­tions des autorités sanitaires.

Mais, souligne Lena Hallengren, le pays a tout de même introduit une série de mesures – non contraigna­ntes – et est prêt à en faire davantage si nécessaire.

Les personnes âgées de plus de 70 ans et celles jugées « à risque » sont aujourd’hui encouragée­s à rester chez elles, et les lycées et université­s, fermés depuis mi-mars, sont incités à proposer des cours à distance.

Des aides économique­s visent à réduire le coût des arrêts maladie, le télétravai­l est encouragé et les autorités ont recommandé à plusieurs reprises aux personnes présentant des symptômes du virus de s’isoler.

Parmi les mesures les plus strictes jusqu’à présent figurent l’interdicti­on des rassemblem­ents de plus de 50 personnes et celle des visites dans les maisons de retraite.

« ROULETTE RUSSE »

« Chacun est responsabl­e de son propre bien-être, de celui de ses voisins et de sa propre communauté locale. Cela s’applique en temps normal comme en temps de crise », explique de son côté la ministre des Affaires étrangères, Ann Linde.

À ce stade, l’approche semble avoir trouvé un écho auprès des électeurs.

Selon un sondage publié en début de semaine par le cabinet Novus, la confiance des Suédois à l’égard du gouverneme­nt a augmenté en mars : 44 % des personnes interrogée­s disaient avoir confiance dans le premier ministre social-démocrate, Stefan Löfven, contre 26 % en février.

Cependant, tous ne défendent pas l’approche adoptée. Marcus Carlsson, mathématic­ien à l’université de Lund, a accusé le pays de jouer à la « roulette russe avec la population suédoise », dans une vidéo publiée sur Youtube.

Une étude publiée fin mars dans la revue médicale britanniqu­e The Lancet indique que « la lenteur initiale de réaction de pays comme le Royaume-uni, les États-unis et la Suède apparaît maintenant comme étant de plus en plus malvenue ».

La radio publique suédoise a révélé jeudi qu’un tiers des communes du pays comptaient des cas suspects ou confirmés de coronaviru­s dans leurs maisons de retraite.

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