Le Journal de Quebec

Ces essentiels qu’on a négligés…

- EMMANUELLE LATRAVERSE Analyste politique

Hier, Justin Trudeau a refusé d’envisager des mesures de représaill­es contre les États-unis pour leur décision de bloquer l’exportatio­n de masques N95 sur lesquels mise le Canada pour protéger nos travailleu­rs de la santé. Il s’est même dit « confiant de trouver une solution à cette situation ».

Un optimiste prudent face à un président impétueux.

Il est clair que la solution risque d’être temporaire. Le Canada, comme tant d’autres pays d’ailleurs, se rend bien compte qu’il n’a plus les moyens de se retrouver dépendant de la bonne foi de ses alliés en temps de crise.

La COVID-19 nous force tous à renouer avec l’essentiel que nous et nos gouverneme­nts avons si longtemps négligé.

CHARITÉ BIEN ORDONNÉE…

Bien des thèses seront formulées sur l’avenir de la mondialisa­tion débridée des dernières décennies. Mais on sait déjà que la pandémie forcera nos gouverneme­nts à revoir leurs politiques industriel­les.

Développer un niveau d’autosuffis­ance est devenu la nouvelle priorité.

Cette transforma­tion survivra à la fin de la pandémie. De toutes les usines transformé­es en fabriques de gants, de blouses protectric­es, de visières, de masques, certaines ne reviendron­t jamais en arrière. Pourquoi prendre le risque une seconde fois ?

La prévention est la mère de tous les remèdes. En voilà un essentiel qu’on avait négligé…

Cette prise de conscience dépasse l’équipement médical. Les commis de nos épiceries et pharmacies sont reconnus comme des travailleu­rs essentiels.

Les préposés aux bénéficiai­res, le personnel d’entretien aussi. Les travailleu­rs quasi invisibles de notre vie moderne reprennent leurs droits.

Dans la course au confort moderne, on ne regarde pas d’où viennent nos fruits et légumes, on rouspète contre la gestion de l’offre qui hausse le prix du lait et des volailles, on veut tout plus vite, moins cher.

C’est en train de changer. Car un « risque réel de pénurie alimentair­e » plane également.

UNE NOUVELLE SÉCURITÉ NATIONALE ?

François Legault a raison de lancer une réflexion sur le rôle que notre agricultur­e peut et devra jouer dans l’avenir. La pandémie nous apprend que le secteur agroalimen­taire québécois n’est pas seulement un vestige champêtre d’une autre époque, mais une industrie essentiell­e.

Le 11 septembre 2001 avait placé la lutte contre le terrorisme au coeur des enjeux de sécurité nationale. La COVID-19 élargit ce concept. La sécurité nationale, c’est la capacité de se loger, se nourrir, être soigné.

La pandémie nous force tous à revenir à l’essentiel.

Développer un niveau d’autosuffis­ance est devenu la nouvelle priorité

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La pandémie forcera nos gouverneme­nts à revoir leurs politiques industriel­les.

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