Le Journal de Quebec

Comment gérer les écrans à la maison

Les conseils d’une neuropsych­ologue

- DAPHNÉE DION-VIENS

Avis aux parents inquiets de l’omniprésen­ce des écrans dans la vie de leurs enfants en cette période d’isolement : l’important n’est pas nécessaire­ment le temps rivé à un écran, mais plutôt ce qu’ils y font, affirme la neuropsych­ologue Johanne Lévesque.

« Les écrans, ce n’était déjà pas facile. Mais là, ça explose! » Francesca est maman de deux filles de 8 et 11 ans, Nina et Anaë. Privée de contrat en production télévisuel­le et cinématogr­aphique, elle est à la maison en congé forcé. La gestion des écrans est devenue une autre source de stress qui s’ajoute à son quotidien déjà chamboulé.

« Et je sais bien que c’est encore pire pour les parents qui doivent essayer de travailler à la maison ! » lance-t-elle.

« ÉTAT DE STRESS »

Anaë, « plutôt déprimée » d’être privée de ses amis, s’est accrochée aux réseaux sociaux « comme à une bouée de sauvetage », raconte sa mère. Et Nina s’est initiée au clavardage pour garder contact avec ses amis et son professeur.

À ce temps d’écran s’ajoutent les heures passées à écouter des films ou des séries télé, à faire des activités pédagogiqu­es en ligne et à dessiner sur un logiciel d’illustrati­on, principal passe-temps d’anaë qui trouve le temps long.

« Ça fait plus d’écrans que jamais et ça nous met dans un état de stress. À la seconde où tu n’es plus à côté d’elles, elles vont s’échapper pour aller sur un écran », dit Francesca.

FACETIME OU FORTNITE

Or, selon la neuropsych­ologue Johanne Lévesque, il faut avant tout distinguer le type d’activité réalisée à l’écran.

« Faire des maths en ligne ou un FaceTime avec un ami, ça n’a pas le même effet que jouer à Fortnite », lance-t-elle ( voir encadré).

Les jeux vidéo peuvent être beaucoup plus dommageabl­es pour le cerveau des jeunes que d’autres types d’activité à l’écran. Idéalement, les mêmes règles devraient s’appliquer, même en période de confinemen­t : trente minutes pour les enfants d’âge primaire et une heure pour les jeunes du secondaire, indique Mme Lévesque.

S’il est impossible, en cette période exceptionn­elle, de tenter de faire respecter cette règle, la neuropsych­ologue suggère alors de permettre à son jeune de jouer en ligne plus longtemps, à condition qu’il se soit activé physiqueme­nt avant.

« Ça va un peu renverser les dégâts créés par les jeux vidéo. C’est un peu comme un antidote qui n’est pas parfait, mais qui fait une belle différence », affirme-t-elle.

Les impacts des réseaux sociaux sont plus limités, mais pour les atténuer davantage, la Dre Lévesque recommande de privilégie­r la vidéo plutôt que le clavardage. « Sinon, on ancre chez les jeunes encore plus profondéme­nt le fait de ne plus communique­r globalemen­t, pour de vrai, avec tout ce que ça veut dire », dit-elle.

Quant aux activités pédagogiqu­es, Mme Lévesque ne voit « pas de problème » à ce qu’un jeune passe plusieurs heures à l’écran pour faire des sciences ou du français. Il est important toutefois de ne pas délaisser complèteme­nt le papier et le crayon, qui permettent de bien ancrer les apprentiss­ages.

SITUATION EXCEPTIONN­ELLE

De manière générale, il vaut mieux aussi expliquer clairement aux jeunes que l’assoupliss­ement des règles familiales entourant les écrans à la maison est lié à la situation exceptionn­elle que nous vivons.

« Sinon, le retour à la normale pourrait être dur à justifier », indique Mme Lévesque, particuliè­rement auprès des ados.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Anaë, 11 ans (photo), et sa soeur Nina, 8 ans, se retrouvent devant un écran beaucoup plus souvent qu’à l’habitude en cette période d’isolement, ce qui inquiète leurs parents.
PHOTO COURTOISIE Anaë, 11 ans (photo), et sa soeur Nina, 8 ans, se retrouvent devant un écran beaucoup plus souvent qu’à l’habitude en cette période d’isolement, ce qui inquiète leurs parents.

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