Comment gérer les écrans à la maison
Les conseils d’une neuropsychologue
Avis aux parents inquiets de l’omniprésence des écrans dans la vie de leurs enfants en cette période d’isolement : l’important n’est pas nécessairement le temps rivé à un écran, mais plutôt ce qu’ils y font, affirme la neuropsychologue Johanne Lévesque.
« Les écrans, ce n’était déjà pas facile. Mais là, ça explose! » Francesca est maman de deux filles de 8 et 11 ans, Nina et Anaë. Privée de contrat en production télévisuelle et cinématographique, elle est à la maison en congé forcé. La gestion des écrans est devenue une autre source de stress qui s’ajoute à son quotidien déjà chamboulé.
« Et je sais bien que c’est encore pire pour les parents qui doivent essayer de travailler à la maison ! » lance-t-elle.
« ÉTAT DE STRESS »
Anaë, « plutôt déprimée » d’être privée de ses amis, s’est accrochée aux réseaux sociaux « comme à une bouée de sauvetage », raconte sa mère. Et Nina s’est initiée au clavardage pour garder contact avec ses amis et son professeur.
À ce temps d’écran s’ajoutent les heures passées à écouter des films ou des séries télé, à faire des activités pédagogiques en ligne et à dessiner sur un logiciel d’illustration, principal passe-temps d’anaë qui trouve le temps long.
« Ça fait plus d’écrans que jamais et ça nous met dans un état de stress. À la seconde où tu n’es plus à côté d’elles, elles vont s’échapper pour aller sur un écran », dit Francesca.
FACETIME OU FORTNITE
Or, selon la neuropsychologue Johanne Lévesque, il faut avant tout distinguer le type d’activité réalisée à l’écran.
« Faire des maths en ligne ou un FaceTime avec un ami, ça n’a pas le même effet que jouer à Fortnite », lance-t-elle ( voir encadré).
Les jeux vidéo peuvent être beaucoup plus dommageables pour le cerveau des jeunes que d’autres types d’activité à l’écran. Idéalement, les mêmes règles devraient s’appliquer, même en période de confinement : trente minutes pour les enfants d’âge primaire et une heure pour les jeunes du secondaire, indique Mme Lévesque.
S’il est impossible, en cette période exceptionnelle, de tenter de faire respecter cette règle, la neuropsychologue suggère alors de permettre à son jeune de jouer en ligne plus longtemps, à condition qu’il se soit activé physiquement avant.
« Ça va un peu renverser les dégâts créés par les jeux vidéo. C’est un peu comme un antidote qui n’est pas parfait, mais qui fait une belle différence », affirme-t-elle.
Les impacts des réseaux sociaux sont plus limités, mais pour les atténuer davantage, la Dre Lévesque recommande de privilégier la vidéo plutôt que le clavardage. « Sinon, on ancre chez les jeunes encore plus profondément le fait de ne plus communiquer globalement, pour de vrai, avec tout ce que ça veut dire », dit-elle.
Quant aux activités pédagogiques, Mme Lévesque ne voit « pas de problème » à ce qu’un jeune passe plusieurs heures à l’écran pour faire des sciences ou du français. Il est important toutefois de ne pas délaisser complètement le papier et le crayon, qui permettent de bien ancrer les apprentissages.
SITUATION EXCEPTIONNELLE
De manière générale, il vaut mieux aussi expliquer clairement aux jeunes que l’assouplissement des règles familiales entourant les écrans à la maison est lié à la situation exceptionnelle que nous vivons.
« Sinon, le retour à la normale pourrait être dur à justifier », indique Mme Lévesque, particulièrement auprès des ados.