Le Journal de Quebec

Une femme contracte le coronaviru­s après avoir été admise en pleine éclosion à Sainte-dorothée

- HUGO JONCAS Selon les derniers chiffres publiés, 16 résidents de Sainte-dorothée sont morts de la COVID-19 et 115 l’ont contractée. Une cinquantai­ne d’employés ont aussi été infectés, selon le Syndicat des travailleu­ses et travailleu­rs du CISSS de Laval.

L’ancien chef de police de Laval JeanPierre Gariépy est en colère. Sa femme a été admise au CHSLD Sainte-dorothée deux jours après qu’un premier cas de COVID-19 fut détecté et elle est aujourd’hui infectée à son tour.

« Mon épouse est arrivée là le 28 mars de l’hôpital Sacré-coeur, à la suite d’un anévrisme cérébral qui l’a laissée dans un monde parallèle pour la fin de ses jours, raconte l’ancien inspecteur. Ç’a été direction CHLSD Sainte-dorothée. »

L’éclosion dans l’établissem­ent n’était pas encore connue du public.

« Ils l’ont envoyée là et m’ont rassuré en me disant qu’elle serait en isolement », dit-il.

« INCOMPÉTEN­CE CRASSE »

Le 31 mars, les premiers reportages sur les cas à Sainte-dorothée paraissaie­nt.

Finalement, la mauvaise nouvelle est tombée dimanche pour Louise Bourgeois, 68 ans, raconte son mari.

« J’étais dans tous mes états. » Aujourd’hui, il exige des comptes. « L’incompéten­ce crasse des administra­teurs, c’est épouvantab­le ! dit-il. Je leur en veux énormément de ne pas avoir su prendre les mesures efficaces. »

Mardi, le principal syndicat du CHSLD affirmait que la direction avait incité deux employés à venir travailler le 22 mars même s’ils se croyaient porteurs du coronaviru­s, sans leur faire passer des tests de dépistage.

Après avoir travaillé une semaine de plus dans l’établissem­ent, ils auraient été déclarés positifs, mais l’insidieuse maladie se répandait déjà.

IMPROVISAT­ION, DIT-IL

Jean-pierre Gariépy dénonce « l’improvisat­ion » dans la gestion des infections.

« Ils ont pris les résidents qui avaient contracté la COVID-19 aux étages et les ont ramenés le plus bas possible », selon lui.

Plusieurs personnes infectées sont alors arrivées dans un secteur voisin de celui de son épouse, au premier étage.

L’ex-policier déplore aussi que des employés travaillai­ent sur plusieurs étages.

Si le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval n’avait pas décidé de tester tous les patients à partir du 3 avril, personne ne saurait que Louise Bourgeois est porteuse du coronaviru­s, puisqu’elle n’a toujours pas de symptômes.

M. Gariépy songe aujourd’hui à intenter une action collective contre le CHSLD, avec d’autres proches de résidents.

PAS DE RETARD POUR LES FACTURES

En attendant, il continue de payer le loyer de sa femme. « Ils m’ont envoyé la facture : 2200 $ au total, pour avril et quatre jours en mars, dit-il. Ça, ils savent compter ! »

Le CISSS de Laval refuse de commenter le cas de Mme Bourgeois, invoquant la confidenti­alité des dossiers de patients.

Selon la porte-parole Judith Goudreau, l’organisme ignore toujours combien de résidents ont été admis au CHSLD Sainte-dorothée après la découverte d’un premier cas le 26 mars. « Nous n’avons pas cette réponse encore. »

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Jean-pierre Gariépy et son épouse Louise Bourgeois posent ici avant la retraite de l’ancien chef de police de la Ville de Laval. PHOTO COURTOISIE

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