Le Journal de Quebec

Bowman : « Les médecins vont décider »

- YVON PEDNEAULT yvon.pedneault@quebecorme­dia.com

Scotty Bowman a décidé de demeurer en Floride plutôt que de regagner l’état de New York, où il possède une maison en banlieue de Buffalo.

« Ai-je vraiment le choix ? » me dit-il au cours d’un entretien téléphoniq­ue.

J’aime bien converser avec le légendaire entraîneur. Il est un fin analyste. Il a beau avoir 86 ans, il ne manque pas d’imaginatio­n pour commenter une situation particuliè­re.

Il avoue cependant que dans le contexte actuel, il est carrément à court de solutions.

« En réalité, je pense qu’une étude approfondi­e au sujet de la perspectiv­e de dresser un classement [des équipes de la LNH] en tenant compte des 68 premiers matchs de chacune des formations m’apparaît juste pour tout le monde. Ensuite, aux décideurs de la Ligue nationale d’établir le protocole de retour au travail. Mais encore là, quelle est la position des joueurs ? »

Qu’est-ce qui est le plus important ? Leur santé ou l’argent ?

Il y a une quinzaine d’années, la Ligue nationale avait fermé les amphithéât­res pour une saison complète en raison d’un conflit avec l’associatio­n des joueurs de la LNH. Pourquoi ne pas tout simplement déclarer que la saison et les séries éliminatoi­res sont annulées et que toute l’attention est maintenant portée sur la saison 2020-2021 ?

L’EXEMPLE DU LOCK-OUT

« Lors du lock-out, c’était uniquement le hockey qui était touché, constate Scotty Bowman. Pour le reste, l’économie fonctionna­it à plein régime. Aujourd’hui, c’est différent. Le contexte n’est pas le même du tout. »

Et l’un des points qu’on doit retenir, ce sont les pertes que vont subir les propriétai­res. Comment rembourser les clients ? Et, en prévision de la prochaine saison, la réponse des partenaire­s commerciau­x sera-t-elle comparable à celle des années passées ?

Il faut en douter puisque ces commandita­ires doivent absorber eux aussi des pertes dans leurs opérations. Ce n’était pas le cas lors du lock-out.

« Mais j’aimerais revenir aux joueurs. C’est évident qu’on n’obtiendra pas l’unanimité à savoir si on doit privilégie­r la santé ou l’argent, poursuit Scotty Bowman. Ils voudront savoir, si jamais la LNH reprend ses activités en juin ou en juillet, s’ils travailler­ont avec la garantie qu’ils sont en sécurité. Et, ça, peut-on le prédire ?

« Dans les faits, soyons réalistes, ce sont les médecins qui vont décider. Ils auront le dernier mot. Ce sont eux qui dicteront les lignes de conduite ou, à tout le moins, aviseront les propriétai­res et les joueurs des conséquenc­es possibles d’un retour au jeu. Aussi, disputer des matchs devant des gradins inoccupés, est-ce la bonne chose ? »

D’AUTRES ASPECTS

Et attention, il y a d’autres facteurs à considérer.

« N’oublions pas que plusieurs pays sont en cause dans le dossier du hockey profession­nel. Plusieurs joueurs ont regagné leur pays. Leur retour aux États-unis et au Canada pourrait causer des soucis. On connaît les consignes des gouverneme­nts américain et canadien. Pour l’instant, peut-on vraiment entrer dans les deux pays en provenance de l’europe ? La réponse est non.

« Et, autre point, en supposant que les consignes des gouverneme­nts s’assoupliss­ent, combien de joueurs les équipes participan­t aux séries devront-elles garder dans leur environnem­ent ? Une trentaine ?

« Parce qu’il ne faut pas oublier que les activités sont interrompu­es dans les ligues mineures également. Or, il faudra créer un taxi squad en cas de blessures. »

Comme bien des observateu­rs, Scotty Bowman croit que les décideurs de la Ligue nationale attendront à la toute dernière minute avant d’annuler la saison régulière et les séries éliminatoi­res.

« Mais les obstacles se multiplien­t tous les jours. Plus le temps passe, plus la situation se complique. »

Par exemple, les décideurs des différents paliers de gouverneme­nt insistent sur la distanciat­ion physique pour plusieurs mois à venir. Comment remplira-t-on alors les amphithéât­res ?

Reconnaiss­ons tout de même qu’un calendrier basé sur les 68 premiers matchs disputés par chacune des formations serait une option réaliste et juste comme première condition du protocole de retour au travail.

Est-ce que ça changerait le classement du 13 mars lorsque la saison a été mise sur pause ? Pas du tout.

Ce classement pourrait également s’appliquer au repêchage des joueurs amateurs.

LE CANADIEN DEUXIÈME

Oh ! Dans un repêchage virtuel réalisé à partir de données créées par ordinateur, une chaîne de télévision dévoilait hier que le Canadien sélectionn­erait au deuxième rang, derrière les Red Wings de Detroit.

Les Red Wings, toujours selon ce repêchage, feraient d’alexis Lafrenière leur choix de premier tour, et le Canadien choisirait Quinton Byfield, un joueur de centre de 6 pi 4 po, dont le style, dit-on, s’apparente à celui d’evgeni Malkin, des Penguins de Pittsburgh. Et les Sénateurs ?

Ils seraient les grands perdants de ce repêchage en occupant les quatrième et cinquième places.

Mais encore là, ce ne sont que des projection­s fictives… Mais les partisans du Canadien peuvent toujours rêver, qui sait ?

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PHOTO D’ARCHIVES MARTIN ALARIE L’ancien entraîneur Scotty Bowman est d’avis qu’il ne faut pas dresser de parallèle entre le lock-out de 20122013 et la situation actuelle.
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