Le Journal de Quebec

Une science encore plus inexacte

Privé de quelques outils, Trevor Timmins se prépare tant bien que mal pour le prochain repêchage

- Jonathan Bernier l ∫ Jbernierjd­m c jonathan. bernier @quebecorme­dia.com

Malgré le nombre incalculab­le d’heures que les dépisteurs consacrent à l’évaluation des joueurs au cours d’une saison, on se plaît souvent à dire que le repêchage est une science inexacte. Avec l’arrêt des activités dans tous les circuits mineurs, c’est encore plus vrai cette année.

Évidemment, le risque de se tromper demeurera nul pour les formations qui seront les premières à obtenir le droit de parole. Celles qui réclameron­t Alexis Lafrenière, Quinton Byfield et Tim Stützle mettront la main sur un espoir à l’avenir plus que certain.

Qu’en est-il pour la suite ? Et pour le Canadien qui, présenteme­nt, obtiendrai­t le huitième choix de la première ronde ?

« Dans ce top 10, il y a assurément des joueurs capables d’occuper un poste au sein des deux premiers trios ou dans les deux premières paires de défenseurs. Et il y aura au moins un gardien numéro un », a indiqué Trevor Timmins, joint dans le cadre d’une téléconfér­ence, hier.

« Mais les partisans devront être patients. Souvent, ils souhaitent que ces joueurs fassent le saut immédiatem­ent avec l’équipe. Ça peut arriver, mais habituelle­ment il faut de trois à cinq ans à ces jeunes pour s’établir », a poursuivi le directeur général adjoint, responsabl­e du recrutemen­t amateur de l’équipe.

QUEL RANG POUR LE TRICOLORE ?

D’ailleurs, à quel rang parlera le Canadien? En temps normal, la LNH aurait tenu, hier soir, sa loterie visant à déterminer le rang de sélection de chacune des 15 formations exclues des séries. Au moment où la LNH a mis la saison en suspens, le Tricolore détenait le huitième rang (selon le classement inversé). Cela lui donnait 6 % des chances d’obtenir le premier choix et 19 % de chance d’être parmi les trois premières équipes à parler.

Mais encore là, puisque la saison pourrait ne jamais se terminer et, qu’en plus, les équipes n’ont pas toutes disputé le même nombre de matchs, comment déterminer le nombre de combinaiso­ns pour chacune d’elles ?

« Difficile à dire tant qu’on ne saura pas ce qu’il adviendra de la saison. À ce pointci, ce ne serait que des spéculatio­ns. On avait vécu une expérience similaire en 2005 (l’année où le Canadien avait sélectionn­é Carey Price au 5e rang.) La ligue avait alors mis sur pied une loterie impliquant toutes les équipes en se basant sur les saisons précédente­s », s’est souvenu Timmins.

Sauf qu’à l’époque, la saison précédente avait été complèteme­nt annulée en raison d’un lock-out.

RISQUES PLUS GRANDS

D’ailleurs, Timmins et son équipe de recruteurs ont beau avoir amplement de temps pour regarder des matchs sur leur écran d’ordinateur et faire des entrevues avec certains joueurs, il y a un outil indispensa­ble sur lequel ils pourraient ne pas être en mesure de compter lorsque viendra le temps de tenir la séance de sélection.

Chaque année, la LNH tient un camp d’évaluation à Buffalo avec une panoplie d’espoirs. C’est l’occasion pour les 31 équipes de constater la forme physique des joueurs, de les rencontrer et de s’assurer qu’ils n’ont pas de problèmes de santé. Or, celle-ci pourrait ne jamais avoir lieu.

« J’ai entendu dire que la LNH tenterait de rendre disponible­s le plus d’informatio­ns possible aux groupes médicaux de chacune des équipes. C’est certain que ce ne serait pas aussi complet que si on tenait nos propres registres, a indiqué Timmins. On se croise les doigts, mais sans cet événement, on aura moins d’informatio­ns sur l’historique médical et sur le potentiel de croissance des joueurs. Les risques seront plus grands. »

TOUCHER LA CIBLE

Sur ce plan, la réalité est la même pour la grande majorité des équipes. Toutefois, le Canadien a pris l’habitude de tenir ses propres journées d’évaluation en sol européen. C’est dans une séance du genre que l’organisati­on est tombée en amour avec Alexander Romanov. Ce qui avait incité le Tricolore à le sélectionn­er au deuxième tour, alors que le nom du défenseur se trouvait beaucoup plus loin sur la liste des autres formations.

« Ça nous enlèverait un avantage sur les autres équipes. Rencontrer les joueurs dans ce cadre nous permet d’en savoir plus sur leur personnali­té et sur leur interactio­n avec les autres. On voit leur esprit de compétitio­n et comment ils s’en tirent avec les tests physiques, a expliqué Timmins. Cette fois, on devra se fier à nos recruteurs basés dans ces secteurs et sur les entrevues qu’ils ont menées auprès de ces joueurs. »

Au moins, Timmins et Marc Bergevin auront 14 droits de parole au prochain repêchage. Et comme l’a dit le directeur général du Canadien en février : « Plus tu as de fléchettes, plus tu augmentes tes chances de frapper la cible. »

Ça n’aura jamais été aussi vrai.

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PHOTO D’ARCHIVES Le responsabl­e du recrutemen­t amateur du Tricolore, Trevor Timmins, travaille actuelleme­nt dans des conditions jamais vues auparavant.
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