Le Journal de Quebec

« C’est un désastre »

L’annulation des festivals fait mal aux commerçant­s

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

Les commerçant­s de Québec s’y attendaien­t, mais l’annulation des festivals et événements culturels jusqu’au 31 août est venue leur confirmer ce qu’ils redoutaien­t : « l’année 2020 est à l’eau ».

Cette annonce faite vendredi s’ajoute à la pléiade de mesures mises en place par Québec, qui force ainsi l’industrie du tourisme à se résigner devant une saison estivale mort-née.

« Économique­ment, pour la ville de Québec, c’est un désastre », lance Philippe Desrosiers, copropriét­aire de la microbrass­erie L’INOX, située sur la Grande Allée.

Frédéric Desrosiers, copropriét­aire de la Taverne Grande Allée et du Snack-bar Saint-jean, souligne que la période estivale est, pour plusieurs commerçant­s, le moment de renflouer les coffres en vue de l’hiver, plus aride en matière de recettes commercial­es.

« L’ANNÉE EST À L’EAU »

Cette bouffée d’air, insufflée notamment par le Festival d’été de Québec, sera pratiqueme­nt coupée cette année.

« Le FEQ, c’est vrai que ce sont 10 gros jours dans l’année. Mais il reste 355 jours dans l’année pour être créatifs, braves, innovateur­s et performant­s », invite d’un ton optimiste Frédéric Desrosiers.

Que ce soit pour les commerçant­s de détail, les restaurant­s, les bars ou les établissem­ents hôteliers, « l’année est à l’eau pour tout le monde », résume la directrice générale de l’associatio­n hôtelière de la région de Québec, Marjolaine de Sa.

« Il y a des établissem­ents qui sont ouverts de mai à octobre et qui reçoivent pratiqueme­nt juste des touristes internatio­naux. Cette année, il n’y en aura pas de touristes internatio­naux », expose-t-elle réalisteme­nt, s’attendant à ce que le taux d’occupation annuel passe de 70 % à environ 30 % pour 2020.

L’incertitud­e s’étend jusqu’à la saison des croisières à l’automne, riche en touristes internatio­naux et qui revêt une importance « énorme » pour les entreprene­urs du Vieux-québec, selon la copropriét­aire de Chez Boulay, Sophie Marchand.

S’AJUSTER

Pendant ce temps, les commerçant­s n’ont d’autre choix que de serrer les dents et de s’ajuster au climat d’incertitud­e qui règne. Plusieurs restaurate­urs ont mis en place une formule « à emporter » afin de continuer à opérer minimaleme­nt. D’autres commerces, comme les microbrass­eries, dont fait partie L’INOX, militent toujours pour que des modificati­ons législativ­es soient apportées afin de leur permettre de livrer eux-mêmes leurs produits.

« Ceux qui vont pouvoir s’adapter, ce sont eux qui vont survivre », projette le copropriét­aire de L’atelier et de l’ophelia, Fabio Monti.

« TOUS LES JOURS, ÇA CHANGE, MAIS ON SE CROISE LES DOIGTS POUR QUE M. LEGAULT NOUS DONNE LE MOIS DE JUILLET ET LE MOIS D’AOÛT. J’OSE ESPÉRER QUE LE 1er JUILLET, ON VA POUVOIR OUVRIR SANS RESTRICTIO­NS. »

– Philippe Desrosiers, copropriét­aire de la microbrass­erie L’INOX

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E S’il estime avoir les reins suffisamme­nt solides pour survivre de 7 à 14 mois dans un pareil environnem­ent, Philippe Desrosiers sait que ce ne sont pas tous les commerçant­s qui ont ce luxe et craint une « hécatombe » chez certains d’entre eux.

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