Le Journal de Quebec

Devrais-je acculer mon mari au pied du mur ?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Par une indiscréti­on commise par une de mes belles-soeurs, ma fille de 24 ans a appris que son père me trompait. Comme elle l’adore, qu’entre elle et moi il y a toujours eu des conflits et qu’à ses yeux de jeune féministe une femme à la maison comme moi qui se fait vivre par son mari ça ne vaut pas cher, elle m’a jeté ça en pleine face de façon très méprisante.

Pour ne pas perdre la face, j’ai répliqué que je le savais depuis longtemps, que l’affaire était depuis lors réglée avec mon mari et que je souhaitais qu’elle demeure discrète là-dessus. Depuis ce temps, je marche sur des oeufs l’une avec l’autre. Comme elle habite encore avec nous, elle n’a pas manqué de me glisser au passage que jamais elle ne se laisserait humilier comme moi dans sa propre maison. Mais elle n’a rien modifié dans sa relation avec son père. Autrement dit et je le sens bien, elle me considère comme le dindon de la farce et me méprise encore plus qu’avant.

J’avais réussi à m’accommoder des tricheries de mon mari avant cet incident, mais cette histoire est venue me chercher et me trouble plus que je ne l’aurais cru. Je crois que les paroles blessantes de ma fille y sont pour beaucoup. Je savais qu’elle avait de grosses réserves sur mes qualités de mère et de femme, mais maintenant je suis convaincue qu’elle méprise ce que je suis, et en particulie­r ma façon de composer avec son père.

Elle considère que je devrais le mépriser pour ce qu’il me fait alors que je continue ma vie avec lui comme si de rien n’était. Elle ne peut pas comprendre que je sois capable d’être trompée sans jeter mon dégoût à la face du coupable. Lequel est malgré tout un héros à ses yeux à elle.

Je ne sais plus quoi faire et j’ai besoin d’un conseil autre que ceux que ma fille se permet de me donner sans que je ne les sollicite. Ça va peut-être te paraître bizarre, mais j’aime encore mon mari. Malgré ce qu’il fait dans mon dos, il dort tous les soirs à la maison, m’invite encore au restaurant, m’amène au cinéma, en voyage, et se montre toujours gentil avec moi.

Je n’ai pas du tout envie de divorcer, car j’aime ma vie dans l’ensemble, et je ne me verrais pas partir seule en appartemen­t du jour au lendemain et me retrouver dans l’obligation de me mettre à la recherche d’un nouveau conjoint. Car oui, je fais partie de ces femmes qui sont bien en couple et qui ne se voient pas autrement que dans un certain confort financier. Est-il nécessaire de confronter un mari qui saute la clôture quand on risque de tout perdre ce qu’on possède dans l’exercice?

Bien dans sa peau malgré tout

Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous êtes hyper réaliste sur votre situation et que vous ne prenez pas de détours pour l’exprimer. Par contre, je ne comprends pas l’importance que vous accordez à l’opinion de votre fille dans les circonstan­ces.

Que vous ne souhaitiez pas confronter votre mari pour ne pas risquer de perdre les avantages reliés à votre statut matrimonia­l, on peut le comprendre. Mais que vous preniez le parti de discuter de ce qui vous concerne privément avec votre fille me semble complèteme­nt inappropri­é. Faites preuve de l’autorité nécessaire pour la remettre à sa place quand elle entre sur le terrain de votre intimité avec son père de manière à donner un peu de lustre à votre image.

Quant à l’attitude à adopter avec votre mari, vous seule pouvez en décider. Dans la mesure où vous êtes prête à supporter le mensonge pour préserver votre sécurité financière et votre statut social et que vous êtes à l’aise là-dedans, c’est vous seule que ça regarde.

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