Le Journal de Quebec

AUX GRANDS MAUX LES GRANDS MOYENS

Le pays est le champion mondial du nombre de tests de dépistage

- Eric Thibault l ∫ Ethibaultj­dm

La Corée du Sud fait figure de modèle pour avoir pris les grands moyens afin d’atténuer avec succès la propagatio­n de la COVID-19.

Ce pays d’asie de plus de 51 millions d’habitants avait essuyé des critiques pour son laxisme lors de l’épidémie de SRAS en 2003. Cette fois-ci, les autorités n’ont pas lésiné dès qu’une femme revenant de la Chine a constitué le premier cas d’infection, le 20 janvier.

« Séoul s’est alors vidée du jour au lendemain. C’était assez déstabilis­ant pour une ville de 10 millions de personnes. Les Coréens ont très vite adopté le message de diminuer leurs sorties et rencontres non essentiell­es », a témoigné au Journal la Québécoise Sandrine Martinez, qui se trouve dans la capitale sud-coréenne depuis l’automne.

Comme au Québec, les rassemblem­ents ont été proscrits, tandis qu’on a fermé les écoles et les parcs. Mais les autorités de ce pays où le port du masque est devenu la règle et non l’exception n’ont pas imposé de confinemen­t généralisé comme en Chine ou en Italie.

En revanche, elles ont ordonné une mesure que le Canada s’est contenté de recommande­r timidement : depuis deux mois et demi, plus de 30 000 voyageurs revenant de l’étranger se sont fait imposer une mise en quarantain­e pour limiter les risques de propagatio­n.

Le même ordre vise 16 000 autres personnes ayant reçu un test positif ou faisant partie de l’entourage de gens infectés.

MOINS DE VIE PRIVÉE

Pour s’assurer que ces 47 000 personnes ne quittent pas le domicile, l’état n’a pas hésité à utiliser des moyens technologi­ques invasifs pour la vie privée, comme la géolocalis­ation de leurs téléphones cellulaire­s. Les récalcitra­nts sont passibles d’une amende équivalant à 8000 $ (10 millions de won) et d’un an de prison.

« On reçoit régulièrem­ent des textos nous avisant des nouveaux cas dans notre quartier et un résumé du parcours des gens infectés. Les services de l’ordre patrouille­nt souvent pour éviter les regroupeme­nts », a relaté Sandrine Martinez, une journalist­e pigiste qui a préféré demeurer à Séoul plutôt que de revenir au Canada et y « revivre la situation depuis le début ».

La Corée du Sud est aussi la championne des tests de dépistage de la COVID-19 et l’instigatri­ce des cliniques de type « service à l’auto » qui ont fait leur apparition à Montréal il y a trois semaines. Avec 6200 personnes ayant subi un test par million d’habitants, elle affiche le plus haut taux au monde, de quatre fois supérieur au Québec.

Sa courbe de nouveaux cas est en baisse depuis un mois. On y compte deux fois moins de décès qu’au Canada malgré 14 millions d’habitants de plus qu’ici.

En l’absence d’un vaccin, les autorités y ont aussi annoncé un traitement aux anticorps potentiell­ement prometteur. Cette semaine, deux patients de plus de 65 ans dont l’état était critique ont guéri après avoir reçu des injections de plasma prélevé sur des gens ayant vaincu le virus, selon le journal Korea Times.

Le 15 avril sera jour d’élections en Corée du Sud. Des chefs de partis se sont fait reprocher de faire fi de la distanciat­ion de deux mètres durant la campagne. Le président sortant, Moon Jae-in, vient toutefois de voir sa cote de satisfacti­on dans l’électorat grimper de 44 % à 53 % en une semaine puisque la gestion de crise de son gouverneme­nt est citée en exemple dans le monde.

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PHOTO AFP Ce voyageur à qui l’on a fait revêtir une combinaiso­n protectric­e à son arrivée à l’aéroport internatio­nal Incheon de Séoul, le 17 mars, compte parmi les 47 000 personnes à s’être fait ordonner la quarantain­e en Corée du Sud durant la pandémie.
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