Le Journal de Quebec

LE PAYS SE RELÈVE ET SE DÉFEND D’AVOIR MENTI

Une Québécoise qui habitait à Wuhan, l’épicentre de la crise, nous raconte comment tout a commencé

- Annabelle Blais l ∫ ABLAISJDM

Alors que l’occident est frappé de plein fouet par le coronaviru­s, les dernières restrictio­ns viennent d’être levées dans la ville de Wuhan en Chine, berceau de la pandémie, après 76 jours de confinemen­t.

Myriam Larouche aura peut-être été parmi les humains qui ont vécu le plus long confinemen­t de cette crise. En plus d’être ces jours-ci enfermée dans son appartemen­t de Chicoutimi, elle a d’abord été confinée dès le 23 janvier à Wuhan, où elle étudiait en gestion du tourisme.

« J’ai hâte que ça finisse », lâche la Saguenéenn­e.

Le 31 décembre, alors que les citoyens du reste de la planète se souhaitent santé et bonheur pour 2020, les autorités chinoises informaien­t l’organisati­on mondiale de la Santé (OMS) d’un syndrome respiratoi­re affectant 27 personnes à Wuhan, une ville de 11 millions d’habitants.

« Le premier écho que j’ai eu c’était environ le 5 décembre, se rappelle Myriam. Un ami m’a texté : “Il y a un virus qui circule en ce moment et qui vient d’une viande sauvage infectée, alors fais attention”. »

Des médecins avaient tiré la sonnette d’alarme, mais ils ont été sanctionné­s pour avoir « propagé des rumeurs ».

L’informatio­n transmise soutenait que l’éclosion était liée à un important marché de poisson, depuis fermé.

La vie des Wuhannais suivait son cours. Mais Myriam avait remarqué que plus de personnes portaient des masques.

« Un ami étudiant m’a texté qu’il y avait eu trois morts… J’ai dit : Quoi ?! », raconte-t-elle.

En fait, le 7 janvier la Chine a identifié un nouveau coronaviru­s. Le 12 janvier, L’OMS a confirmé avoir été informée d’un premier décès et de 41 personnes infectées.

Le 13 janvier, un premier cas de coronaviru­s en Thaïlande. Puis le Japon, le 15, la Corée du Sud le 20, les États-unis le 21.

Le 23 janvier, alors que la Chine compte 570 cas et sept morts, Pékin annonce l’annulation des festivités du Nouvel An.

Wuhan a été aussitôt bouclée et son aéroport fermé. « Du jour au lendemain, tout a été arrêté, il n’y avait plus de transport public, plus personne dans les rues », explique la jeune femme.

« ÇA COMMENÇAIT À FAIRE PEUR »

Le 28 janvier, L’OMS confirme 4537 cas en Chine et 106 décès. Myriam ne pouvait plus sortir du campus et les repas des étudiants leur étaient apportés par des gens en combinaiso­n de protection.

« Ça commençait à faire peur, c’était mon seul contact avec l’extérieur », raconte-t-elle.

Puis début février, on apprend que deux hôpitaux ont été construits en 10 jours.

« Ça nous a fait réaliser que la situation était pire que ce qu’on pensait. »

Le 6 février, elle a finalement été évacuée au moment où la Chine comptait 28 000 cas de personnes infectées et 564 morts.

S’est ensuivie une nouvelle quarantain­e à Trenton, en Ontario, avant son retour à Chicoutimi fin février, à temps pour voir sa famille avant que le Québec ne décrète à son tour le confinemen­t.

DE MIEUX EN MIEUX

Le 11 mars, alors que L’OMS a déclaré l’état de pandémie, en Chine, la situation commençait à s’améliorer. Les restrictio­ns ont été progressiv­ement levées et le plus récent bilan y est de 83 000 cas et 3342 victimes, dont plus de 2500 à Wuhan.

Cette semaine, la Chine a annoncé pour la première fois en trois mois une journée sans décès liés à la COVID-19. Mais l’empire du Milieu a-t-il tout dit ?

Un rapport du renseignem­ent américain vient de conclure que la Chine a menti sur le nombre véritable de cas.

Pékin accuse à son tour les États-unis de chercher un bouc émissaire pour faire oublier sa piètre gestion de la crise. L’OMS dénonce, elle, une politisati­on de la crise.

Myriam a depuis repris ses cours en ligne. Elle espère retourner à Wuhan à l’automne.

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PHOTO AFP Des travailleu­ses de la santé de la province de Jilin, en Chine, étaient très émotives jeudi lors de la réouvertur­e de l’aéroport de Tianhe, après deux mois de perturbati­ons.
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