UN PAYS NONCHALANT FRAPPÉ DE PLEIN FOUET
Nicolas Lachance À ce rythme, l’angleterre pourrait devenir le pays d’europe le plus touché par la pandémie
La COVID-19 plonge le RoyaumeUni dans une tempête plus folle que le Brexit. Après avoir négligé l’adoption de mesures de confinement, le premier ministre est admis aux soins intensifs, affaibli par le virus qui tue maintenant ses compatriotes par milliers.
Pendant que l’épidémie faisait des ravages en Italie et en France, le premier ministre de l’angleterre, Boris Johnson, narguait le virus. Il se vantait même d’avoir serré des mains des malades de la COVID-19 lors d’une visite dans un hôpital.
Son gouvernement espérait retarder à l’été le sommet de l’épidémie. Seuls ceux qui présentaient des symptômes devaient rester confinés pendant une semaine pour amortir l’impact sur le réseau de la santé.
Boris Johnson soutenait que les mesures drastiques nuiraient à la capacité de sa population à faire face au « pic » de la crise.
Il assurait se fier ainsi à la science, admettant toutefois que « beaucoup de familles perdront des proches prématurément ». La stratégie britannique disait favoriser le développement d’une « immunité collective ». Elle est toutefois critiquée par la communauté scientifique dans le quotidien londonien Times.
« Le gouvernement a pris un certain temps avant de réagir. Il y avait beaucoup d’incertitudes au début et de questions sans réponses », affirme Laurence Cooey, une microbiologiste québécoise qui travaille à Londres pour une compagnie de diagnostics médicaux, dont pour la COVID-19. « Il n’avait pas nécessairement l’air de prendre ça très au sérieux. »
PERTE DE CONTRÔLE
Le 14 mars, la crise prend de l’ampleur. Alors que le nombre de décès augmente, Boris Johnson interdit les rassemblements de masse. Une mesure jugée insuffisante, alors que l’italie, la France ou l’espagne ont mis en place des confinements drastiques. Or, 6200 personnes courent le semi-marathon de Bath durant le week-end.
Quelques jours plus tard, le gouvernement se décide à fermer les écoles, suivi des commerces… et des pubs ! Du jamais-vu, les pubs étaient ouverts durant les guerres.
Ce n’est que le 23 mars, devant la hausse catastrophique des décès liés à la COVID-19, que le premier ministre britannique décrète un confinement de la population pour « au moins » trois semaines. Le jour même, des chercheurs de l’université de Cambridge mentionnent que l’approche de Londres pourrait coûter 70 000 vies supplémentaires.
Trois jours plus tard, tout bascule. Le pays dépasse la barre des 100 morts liées au coronavirus en une journée. Un « tsunami » de malades gravement atteints dans les hôpitaux, déclare un responsable du service de santé. Puis, Boris Johnson est isolé au 10 Downing Street, déclaré positif à la COVID-19.
Le tournoi de tennis de Wimbledon qui doit avoir lieu fin juin est annulé, une première depuis la Seconde Guerre. Le gouvernement met aussi en place des moyens impressionnants pour soutenir financièrement la population et les entreprises.
SOINS INTENSIFS
Le soir du 5 avril, c’est la commotion à Londres. Le premier ministre est admis à l’hôpital St-thomas. Sa fièvre est persistante, si bien que 24 heures plus tard il est transféré aux soins intensifs, ce qui choque le Royaume-uni. Le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, a été désigné pour le remplacer.
Dans une très rare allocution télévisée en période de crise depuis le début de son règne, la reine Élisabeth II a appelé les Britanniques à la résilience, assurant qu’ils finiraient par vaincre la COVID-19.
Le mot est justement à l’entraide, indique Laurence Cooey. « Tous les jeudis à 8 h, la ville [Londres] au complet ap pplaudit durant un ne minute. C’est ce ge enre de petit geste qu ui donne espoir au ux gens. »