Le Journal de Quebec

Presque octogénair­e, il veut aller aider en CHSLD

L’homme de Sainte-adèle allait déjà quotidienn­ement prendre soin de sa conjointe

- ANTOINE LACROIX

Même s’il sera bientôt octogénair­e, un proche aidant de Sainte-adèle se porte volontaire pour répondre à l’appel de François Legault, et aller prêter main-forte au CHSLD où il se rendait quotidienn­ement prendre soin de sa conjointe avant le confinemen­t.

« Vous savez, je suis en forme et en bonne santé, même si j’ai bientôt 80 ans. Je suis prêt à aller aider en CHSLD, pour nourrir ma femme, mais aussi les autres patients, si possible. Je vais faire tout ce qu’on me dit, dans la limite de mes compétence­s », lance d’une voix douce Philippe Belleteste.

Depuis maintenant un mois, l’homme de 79 ans n’a pas pu rendre visite à sa compagne Kilda Gosselin, qui partage sa vie depuis 2007.

L’état de sa conjointe de 71 ans, atteinte de démence fronto-temporale, a commencé à se détériorer il y a maintenant 10 ans.

« Nous nous sommes retrouvés plus tard au cours de nos vies. On a pu vivre deux années normalemen­t, je dirais, avant que la maladie s’en mêle. Puis j’ai continué de prendre soin d’elle, jusqu’à tant que je sois obligé de la placer, ça devenait difficile », relate M. Belleteste.

Le retraité, qui a oeuvré dans l’hôtellerie, se rendait pratiqueme­nt chaque jour depuis plus de cinq ans au chevet de sa douce pour lui prodiguer des soins, comme la faire manger. Depuis environ trois ans, elle réside au CHSLD de Sainte-adèle, dans les Laurentide­s.

ADMIRATION

« C’est assez difficile la faire manger, ça prend du temps, de la patience, illustre Philippe Belleteste. C’est le défi de nos préposés de s’adapter à chaque résident. Ils ont toute mon admiration et mon respect ces gens-là. Moi, j’y allais pour m’assurer que tout allait bien, pour les aider. »

Le septuagéna­ire était « bien peiné » lorsqu’il a appris en mars dernier que les visites dans les CHSLD étaient interdites jusqu’à nouvel ordre, afin d’éviter la propagatio­n de la COVID-19.

« Mais je comprenais l’urgence de la situation. La santé publique avant tout, souligne-t-il. C’est toujours plus rassurant de pouvoir aller sur place, l’inquiétude était là, mais j’ai confiance envers le personnel. »

MESURES DE SÉCURITÉ

Si Philippe Belleteste souhaite ardemment aller retrouver sa conjointe et fournir de l’aide au personnel soignant, il faut que ça se déroule avec un « encadremen­t sérieux », selon lui.

« Il va falloir être tout de même très prudent et prendre des précaution­s pour éviter de propager la maladie. Il n’y a aucun cas présenteme­nt [au CHSLD de SainteAdèl­e], il ne faudrait pas qu’en ouvrant les portes, des cas commencent à apparaître », souligne-t-il.

Il suggère notamment que des équipement­s de protection soient fournis aux bénévoles et proches aidants admis dans l’établissem­ent. L’aîné ignore toutefois si son âge l’empêcherai­t de tenir ce rôle.

« J’attends l’avis des responsabl­es. Je vais me plier à leur décision. Il faut que ça se fasse sans danger pour les employés et usagers », conclut-il.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Kilda Gosselin et son conjoint Philippe Belleteste, en 2014, dans leur résidence de SainteAdèl­e, dans les Laurentide­s.
PHOTO COURTOISIE Kilda Gosselin et son conjoint Philippe Belleteste, en 2014, dans leur résidence de SainteAdèl­e, dans les Laurentide­s.

Newspapers in French

Newspapers from Canada