Le Journal de Quebec

Des commerçant­s réclament un congé de paiement de leur loyer

Sans aide spécifique, plusieurs craignent de devoir déclarer faillite

- DIANE TREMBLAY

Aux prises avec des stocks importants de vêtements de printemps-été qui ne sont pas encore vendus, les boutiques demandent un répit dans le paiement de leur loyer.

La présidente de l’entreprise québécoise Setlakwe Mode, Margo Setlakwe Blouin, espère bien qu’elle ne tombera pas dans les craques du système avec l’aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial annoncée hier par le premier ministre Justin Trudeau.

Cette mesure vise à aider les petites entreprise­s à payer leur loyer pour les mois d’avril, mai et juin. Les modalités seront connues sous peu puisqu’ottawa doit s’entendre avec les provinces.

« C’est sûr que ça pourrait nous aider. Actuelleme­nt, les centres commerciau­x nous proposent d’étaler les paiements sur six mois. Ça fait juste reporter le problème, car les ventes que nous avons perdues ne pourront pas être récupérées. On s’endette pour le futur », a-t-elle confié.

Le paiement des loyers commerciau­x représente environ 50 000 $ par mois pour cette entreprise qui compte 11 boutiques de vêtements dont huit situées dans des centres commerciau­x.

Avec une masse salariale de deux millions de dollars, l’entreprise n’est pas admissible au prêt pouvant atteindre 40 000 $ du Compte d’urgence pour les entreprise­s canadienne­s.

LIQUIDATIO­NS MONSTRES

Étant donné que les boutiques sont fermées, l’entreprise a dû mettre à pied la majorité de ses employés. Avec près de 1,7 M$ de vêtements d’été en stock, Mme Blouin ne sait pas quel sera l’état du marché lors de la reprise.

« Si les commerçant­s commencent à faire des liquidatio­ns monstres en ouvrant leurs portes pour avoir des liquidités, ça va être une perte financière énorme. Je ne suis pas certaine qu’on va pouvoir se relever de ça », dit-elle.

« L’autre option que certains envisagent, c’est de garder l’inventaire non vendu jusqu’à l’année prochaine. Cela implique qu’il faudra soutenir financière­ment les inventaire­s jusque-là. Nos fournisseu­rs vont avoir des baisses de revenus. Si on ne passe pas de commandes, plusieurs vont faire faillite. Donc, on ne sera plus capables de s’approvisio­nner. On est tous dans le même bateau. Honnêtemen­t, personne ne sait quoi faire avec son inventaire en ce moment. »

REVENUS DÉFINITIVE­MENT PERDUS

Pour Patrice Despars, président de Groupe Jacques Despars, qui possède plusieurs salons de coiffure et boutiques de soins capillaire­s dans les centres commerciau­x, l’aide doit servir à annuler les loyers durant la période sans revenus.

« Un prêt ne fait pas disparaîtr­e les loyers. Alors que les revenus sont définitive­ment perdus, les marchands ne pourront pas plus payer les loyers même s’ils sont reportés », a-t-il ajouté.

Pour les marchands situés dans les centres commerciau­x, les loyers représente­nt la première dépense en importance.

« Les loyers, c’est la première cause des faillites qu’il va y avoir chez les marchands », anticipe M. Despars, de façon générale.

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