Le Journal de Quebec

Cultivés et bien élevés

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Il y a des gens qui s’offusquent que les centres de jardinage soient considérés comme des services essentiels. Qui hurlent à l’injustice parce que les pépinières ont rouvert leurs portes mercredi. Pas moi. Au contraire !

Se mettre les deux mains dans la terre, planter des fleurs, des légumes ou des arbres qu’on va voir grandir, ça a une vertu thérapeuti­que absolument… essentiell­e ! Tout ce qui peut empêcher une dépression généralisé­e, je vote pour !

Mais si on rouvre les vendeurs de géraniums, pourquoi on n’aurait pas aussi le droit d’ouvrir les librairies ? Si cultiver son jardin est essentiel, se cultiver soi-même devrait l’être tout autant.

EFFEUILLER LA MARGUERITE

Oui, on est confiné. Oui, on est « assigné à résidence ». Mais on a besoin plus que jamais de s’évader intellectu­ellement, de se sortir de cette torpeur. Oui je sais qu’« un livre ça se livre », comme le dit la campagne pour commander en ligne des livres de libraires québécois. Mais il n’y a rien comme le contact physique avec une librairie.

Il y a plein de libraires ou d’éditeurs qui ont des idées originales. Comme on dit, « la nécessité est la mère de l’invention ».

Je pense entre autres à toutes ces maisons d’édition qui ont proposé à leurs auteurs d’enregistre­r (chacun à la maison) des capsules vidéo où ils/elles présentent leur dernière parution.

Vu que tous les salons du livre sont annulés, c’est une belle façon de rencontrer « virtuellem­ent » les auteurs.

L’autre jour à la télé française, l’essayiste Caroline Fourest lançait une idée pas si folle que ça : que l’on prenne rendez-vous avec un libraire pour être seul avec lui dans la librairie pendant 20 minutes, pour se faire recommande­r des lectures. Comme une visite chez le psy ou chez le médecin.

Interrogés par TVA, les gestionnai­res des centres de jardin « ont assuré que toutes les mesures de sécurité seraient adéquates et respectera­ient les consignes données par la Santé publique ».

Si on peut se tenir à deux mètres de distance en achetant des bégonias, on devrait pouvoir faire pareil en achetant des bouquins.

Dans les deux cas, on parle de se procurer des feuilles, non ?

On ne se le cachera pas : si la crise dure longtemps, si les librairies restent fermées, dans quelques mois ce sera l’hécatombe. (Et ne me partez pas sur le géant de la distributi­on dont je ne prononce pas le nom !)

C’est la survie de votre petite librairie de quartier ou même de votre petite maison d’édition québécoise chouchoute qui est en jeu.

Même virtuellem­ent, planter des tulipes, récolter des cerises ou admirer une platebande, ça fait du bien entre les deux oreilles !

CET ÉTÉ, JE FERAI UN JARDIN

En passant, le jeu vidéo le plus populaire de l’heure s’appelle Animal Crossing. Même l’auguste Devoir en a fait un texte à la une, racontant que des profs de Cégep et des profession­nels s’y adonnaient en temps de pandémie.

Mon fils de 12 ans en est fou. Et savez-vous quelle est une des activités les plus prisées dans ce jeu où chacun vit sur une île qu’il aménage à son goût ?

Le jardinage ! Même virtuellem­ent, planter des tulipes, récolter des cerises ou admirer une plate-bande, ça fait du bien entre les deux oreilles !

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SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com
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