La préparation physique et mentale en confinement
En pause forcée, les athlètes doivent maintenir un esprit sain dans un corps sain
Même si la planète sport est en arrêt en raison de la pandémie de COVID-19, les préparateurs physique et mental d’excellence Sports Québec-lévis (ESQL) n’ont pas le temps de chômer.
L’ESQL regroupe des professionnels de tout genre dans le soutien des athlètes d’élite de la région.
« Les demandes sont différentes qu’en temps normal, mais elles sont aussi nombreuses, résume le psychopédagogue en préparation mentale Alain Vigneault qui a pris part à six Jeux olympiques avec l’équipe canadienne. L’aspect numéro un est de mesurer comment l’athlète vit la situation et non lui mettre des mots dans la bouche en lui demandant commet il vit cette période difficile. Pour certains, ce n’est pas une période difficile, mais une occasion d’étudier plus et de développer d’autres intérêts. Certains vivent très bien le report des Jeux olympiques. »
VISUALISATION
Vigneault s’assure aussi que les athlètes ne prennent pas les bouchées doubles. « Dans ces moments de privation, certains athlètes veulent compenser et en font trop, explique Vigneault qui travaille aussi avec des athlètes professionnels. Il faut éviter ça absolument parce que c’est dangereux. C’est une zone risquée et il faut être vigilant. Il faut s’assurer que les athlètes maintiennent simplement ce qu’ils doivent maintenir. »
« Parmi les athlètes de haut niveau que je rencontre, il y a des inquiétudes, mais il n’y a personne qui vit une détresse psychologique, de poursuivre Vigneault. Il y a trois ou quatre catégories. Ceux qui en étaient à leurs premiers Jeux et qui n’étaient pas qualifiés vivent bien ça. Ceux qui en étaient à leurs derniers Jeux et qui étaient qualifiés ont l’impression d’avoir failli à la tâche et peuvent ressentir de la colère. Pour ceux qui allaient participer à leurs 2e ou 3e Jeux, certains vivent très bien la situation et d’autres la vivent très mal. Plusieurs joueurs de la LNH ont toutefois de plus grandes inquiétudes que les olympiens, notamment des inquiétudes financières. »
Cette période de pandémie est un bon moment pour améliorer ses qualités mentales selon le professionnel. « C’est un bon moment pour développer les habiletés mentales qui sont au nombre de 12. On construit un plan d’entraînement mental. Parce que le volume et l’intensité de l’entraînement physique sont à la baisse, la disponibilité de concentration est à la hausse. C’est aussi un bon moment pour travailler l’émergence de la visualisation mentale, ce que 15 pour cent de la population est incapable de faire. Ça demande beaucoup d’engagement de l’athlète. »
Vingeault trace une comparaison entre un enfant et les athlètes d’élite. « Comme un enfant, l’athlète n’a pas besoin de tout comprendre, mais il est important qu’il sache. On travaille beaucoup le moment présent et c’est payant. Ces acquis pourraient être transférés dans une situation de course. »
PRÉPARATION PHYSIQUE
De son côté, Charles Castonguay a adapté ses exigences. « Il y a eu un petit moment de déprime, ce qui est normal compte tenu que les objectifs de la saison sont tombés un à un pour les athlètes des sports d’été, raconte le préparateur physique D’ESQL. C’est pourquoi on se rencontre en groupe puisque tout le monde est dans la même situation. Il faut les garder motivés. »
« Au moment de l’arrêt, ils se retrouvaient dans un très bon niveau de forme et il ne faut pas les surcharger actuellement parce qu’on ne sait pas quand les compétitions vont recommencer, d’ajouter Castonguay qui travaille avec Facebook live. On donne la base et on évite l’énorme bloc de musculation ou les gros intervalles. »