« Je n’étais plus heureux là-dedans »
Le patineur artistique Charlie Bilodeau prend sa retraite de la compétition
Le coeur réclamait son détachement depuis plusieurs mois, alors la tête a finalement clos le débat : Charlie Bilodeau prend sa retraite après une carrière de huit années sur la scène internationale du patinage artistique.
Rongé par le désir de vivre sa vie sans ses patins qu’il refoulait inconsciemment depuis les Jeux olympiques de Pyeongchang, le natif de Trois-pistoles a pris son sport par surprise, hier, en confirmant qu’il abandonnait toutes les ambitions qu’il partageait avec sa nouvelle partenaire depuis un an, Lubov Ilyushechkina. Ce « soulagement » était devenu inévitable, même si moins de deux ans le séparaient des prochains Jeux en 2022 à Pékin.
« Deux années peuvent être extrêmement longues si le quotidien est lourd et que je ne suis pas bien dans cette situation-là. Même si c’est dans deux ans et que je me retrouvais sur le podium avec une médaille au cou, j’aurais regardé ma médaille et, sachant tout le jus que ça m’aurait demandé et tous les sacrifices que j’aurais faits, cette médaille aurait été vide de sens », a exprimé Bilodeau, joint au chalet familial dans le Bas-saintLaurent où il vit son confinement durant la pandémie de COVID-19.
UN SPORT TROP ENVAHISSANT
L’athlète de 26 ans qualifie sa décision comme une « libération » de son sport qui était devenu pour lui trop envahissant. On apprend maintenant qu’elle résulte d’une réflexion qui avait débuté depuis les JO de 2018, où, avec sa partenaire d’alors, Julianne Séguin, ils avaient fait sensation en prenant le neuvième rang de l’épreuve en couple, malgré un cheminement marqué de blessures et de commotions cérébrales.
Bilodeau avait créé un choc en annonçant, l’été suivant, la fin de son association avec celle avec qui ils avaient terminé deuxièmes aux championnats du monde juniors en 2015. Le peu d’équilibre dans sa vie que lui imposait le patinage artistique est venu le hanter à nouveau, durant la dernière année, lorsqu’il a constaté s’être laissé hypnotiser par l’espoir de se qualifier pour les championnats du monde qui devaient avoir lieu à Montréal, en mars dernier, après avoir formé un nouveau duo avec la Torontoise d’origine russe.
« L’hiver a été très difficile sur le moral. Le patin me drainait plus qu’il me donnait de l’énergie », explique-t-il.
« Au début, je ne voulais pas aller dans cet état d’esprit et je me concentrais juste sur la performance pour oublier ça, mais ça revenait petit à petit. Je me suis dit que je devais aller voir ce qui se cache en dessous de tout ça et j’ai réalisé que j’étais rendu ailleurs. L’appât du gain et de la médaille olympique est très attractif, et je croyais être capable de faire les choses différemment en m’embarquant dans un autre projet, mais au final, le sport étant ce qu’il est, le patin prenait toute la place. »
PAS DE REGRETS
Confiant « à ce que la vie va m’apporter comme projets », le nouveau retraité prévoit terminer ses études en communications à L’UQAM, dès l’automne prochain, et ne ferme pas la porte à une percée dans les médias. Malgré son potentiel et son jeune âge dans l’univers du patin, il n’anticipe pas de regrets.
« J’ai réalisé au fond de moi que j’étais rendu ailleurs et que j’avais accompli ce que j’avais à accomplir dans le sport. Il y avait trop à perdre que de continuer à patiner juste pour viser une performance ou une médaille. Je n’étais plus heureux là-dedans. »