Des victimes qu’on oublie
Une consultation menée par la Coalition priorité cancer auprès de 592 Québécois atteints d’un cancer révèle que 61 % d’entre eux se sentent abandonnés par le système de santé.
Des milliers d’opérations jugées non urgentes — environ 30 000 selon la Fédération des médecins spécialistes — ont été reportées afin de libérer des lits pour les patients atteints de la COVID-19. Et plusieurs de ces opérations sont de nature oncologique.
LES OUBLIÉS
Il n’y a pas seulement les interventions chirurgicales que l’on repousse. La pandémie affecte aussi la continuité de soins de certains patients. Des suivis médicaux et des examens d’imagerie médicale sont ainsi repoussés. Des patients qui participaient à des protocoles de recherche voient ceux-ci suspendus.
Quand on parle de cancer, « timing is everything ». Pendant que le système de santé tourne au ralenti à cause de la pandémie, la maladie, elle, progresse. Et cela génère de l’angoisse. Beaucoup d’angoisse. Pouvez-vous imaginer un seul instant être atteint d’un cancer et devoir attendre en ayant l’impression que votre mal est en train de gagner du terrain ?
ANGOISSE
Parlant d’angoisse. Pour les patients qui doivent se rendre dans les hôpitaux pour subir leurs traitements, ça ne doit pas être de tout repos. Plusieurs sont immunodéprimés et s’exposent à un très grand risque en y allant. Dans cette optique, la Coalition priorité cancer propose de soigner ces personnes dans des lieux dédiés exempts de COVID-19.
Pensez-y un peu : vous vous rendez à votre traitement de chimio habituel et vous revenez de là avec cette saloperie de COVID. Vous êtes déjà faible et à risque de développer de sérieuses complications. Qu’est-ce qu’on attend ?
Me semble que les gens atteints d’un cancer, des gens qui doivent déjà faire face à un niveau de stress inouï en plus de devoir développer leur résilience à vitesse grand V, ne devraient pas avoir à affronter la peur d’être contaminés en plus. Et ils ne devraient pas non plus avoir à attendre indûment en plus d’avoir l’impression d’être mis de côté par un système censé les soutenir.
Le cancer, ça ne peut pas être mis sur le hold.