Legault fait un mea culpa
Si c’était à refaire, il aurait augmenté les salaires des préposés sans attendre de négocier avec les syndicats
Le Québec était « mal équipé » pour affronter le coronavirus dans les CHSLD, admet le premier ministre François Legault, qui regrette d’avoir attendu la négociation avec les syndicats pour hausser les salaires des préposés aux bénéficiaires.
« Ça fait plusieurs jours, plusieurs nuits que je me demande : “Qu’est-ce que j’aurais dû faire autrement ?” [...] Si c’était à refaire, il aurait fallu que j’augmente plus vite les salaires des préposés aux bénéficiaires, même sans l’accord des syndicats », a avoué le premier ministre, dans un rare mea culpa offert aux Québécois.
Une fois arrivé au pouvoir, il a préféré attendre l’échéance des conventions collectives dans le secteur public au 31 mars 2020, avant de bonifier les salaires des préposés comme promis.
« BEN OUI, C’EST LA FAUTE DES SYNDICATS SI LES PRÉPOSÉS AUX BÉNÉFICIAIRES SONT SOUS-PAYÉS… ON SE CROIRAIT AU FESTIVAL JUSTE POUR RIRE ! »
— Daniel Boyer, président de la FTQ, sur les propos de François Legault à l’effet qu’il attendait l’accord des syndicats et l’échéance des conventions collectives pour augmenter les salaires
Les syndicats seraient-ils à blâmer ? « Je suis ici pour prendre ma part de responsabilité, là. On peut tout faire, au gouvernement, par décret ou par une loi spéciale », a rétorqué M. Legault.
LES CHOSES N’ONT FAIT QU’EMPIRER
Lorsque la pandémie est venue frapper les CHSLD, il manquait déjà cruellement de préposés, a-t-il souligné.
« On est rentrés dans cette crise mal équipés, et, évidemment, la situation s’est détériorée », a reconnu le premier ministre.
À cela s’ajoutent 1800 employés des CHSLD qui se sont absentés en raison du virus.
M. Legault en a profité pour remercier les médecins spécialistes, qui sont plus de 2000 à venir en renfort dans les CHSLD.
Témoin des critiques sévères dirigées à leur endroit, M. Legault a tenté de calmer le jeu en confirmant que le tarif horaire de 211 $ ne s’appliquera pas en CHSLD, comme l’avait d’abord avancé leur présidente, la Dre Diane Francoeur.
Le premier ministre a également invité les infirmières et préposés retraités à sortir de leur région pour se rendre où sont les besoins, comme à Montréal, épicentre de l’épidémie.
Quant à la plateforme web « Je contribue ! » tout compte fait, 51 957 candidatures ont été reçues. Sur près de 30 000 personnes contactées, seulement 4676 ont été déployées, mais « un tour de roue » supplémentaire sera fait auprès de ceux qui ont été écartés.
Le gouvernement a aussi nommé l’ancien chef de cabinet de Gaétan Barrette, Daniel Desharnais, sous-ministre adjoint à la Santé, en lui confiant le mandat de trouver le personnel nécessaire pour les CHSLD.
LA COURBE APLATIE
Même si le Québec déplore 58 nouveaux décès et 941 cas additionnels, le directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda, considère que le « pic » de la pandémie est atteint au Québec.
En isolant l’effet généré par la situation en CHSLD, ailleurs dans la population, « on a une courbe qu’on a aplatie », a-t-il expliqué.
« Ce n’est pas tous les pays qui déclarent les décès de la même façon », a-t-il insisté, alors que les données de l’organisation mondiale de la santé montrent que le Québec se retrouve au cinquième rang mondial pour les décès par million d’habitants.
Outre la situation encore « difficile » observée dans le Grand Montréal, en Mauricie et en Estrie, « dans tout le reste du Québec, la situation est pas mal sous contrôle », a signalé pour sa part M. Legault.
Il dit travailler avec le Dr Arruda sur une façon de « rouvrir ces régions-là » de façon graduelle, en commençant par les entreprises et non les écoles, a-t-il insisté.