Québécois prisonniers sur leur voilier
Des plaisanciers ne peuvent être rapatriés alors que la saison des ouragans approche
Une soixantaine de Québécois « sont pris » sur leur voilier, amarré dans les baies des îles caribéennes sans y avoir accès en raison de la fermeture des frontières.
« Les couchers de soleil sont beaucoup moins beaux », lance Séric, un skipper québécois prisonnier de son bateau dans une baie des îles Saint-vincent-et-les-grenadines.
Comme les autres Québécois à bord d’une trentaine de voiliers, Séric a été surpris par la fermeture des frontières de ces petites îles qui se protègent de la pandémie de coronavirus.
PRISON DORÉE
Une prison dorée à première vue, compte tenu de la température et du paysage, mais la situation est de plus en plus inquiétante pour ces voyageurs. Séric a tenté le 21 mars dernier de rentrer à Grenade, où il pouvait remiser son bateau avant de prendre un vol pour rentrer à la maison.
Or, le skipper s’est fait refuser l’entrée par les garde-côtes. Le voyageur solitaire s’est donc réfugié dans une baie, rejoint plus tard par un autre voilier québécois, pour faire une quarantaine de deux semaines.
Depuis, il peut se rendre sur l’île pour acheter des produits de première nécessité, mais « il n’y a pas grand-chose, il n’y a pas de Loblaws », illustre-t-il.
UNE OPÉRATION COORDONNÉE
cupants de voiliers québécois qu’il a recensés, de l’aide de la part du gouvernement canadien pour les rapatrier. « Ça ne donne rien d’en√ 0,5 millin tout de suite, il faut coordonner tout ça », exgplique-t-il, précisant que l’opération pourrait « prendre des semaines ».
Il faudrait d’abord rapatrier les voyageurs vers des îles qui permettent le remisage des bateaux. « Un bateau, ce n’est pas une auto », explique le skipper, soulignant l’importance de protéger les embarcations d’éventuels ouragans.
Sauf que ces îles, Grenade ou les Bahamas par exemple, sont parfois à des jours de navigation. « Certains vont devoir faire deux semaines de navigation juste pour se rendre à Grenade, sans compter le temps pour remiser les bateaux », explique-t-il.
Tous ces défis logistiques risquent donc de prendre plusieurs semaines, selon Séric, ce qui mène à la saison des ouragans et à la nécessité d’agir maintenant. Il y a aussi des questions diplomatiques à régler pour permettre aux Canadiens d’accéder aux îles afin de prendre un vol de rapatriement.
TENSION PLUS GRANDE
Sans compter que plusieurs plaisanciers ont des statuts plutôt vagues en ce moment. Un skipper amarré tout près de Séric n’a pas le droit d’être sur place, mais n’a aucun autre endroit où aller. « Il n’est pas en règle. Heureusement pour lui, les garde-côtes ne sont pas venus le contrôler », raconte Séric. « La tension augmente dans les îles, on n’est pas dans un Club Med », plaide-t-il.