Le Journal de Quebec

Québécois prisonnier­s sur leur voilier

Des plaisancie­rs ne peuvent être rapatriés alors que la saison des ouragans approche

- NICOLAS SAILLANT

Une soixantain­e de Québécois « sont pris » sur leur voilier, amarré dans les baies des îles caribéenne­s sans y avoir accès en raison de la fermeture des frontières.

« Les couchers de soleil sont beaucoup moins beaux », lance Séric, un skipper québécois prisonnier de son bateau dans une baie des îles Saint-vincent-et-les-grenadines.

Comme les autres Québécois à bord d’une trentaine de voiliers, Séric a été surpris par la fermeture des frontières de ces petites îles qui se protègent de la pandémie de coronaviru­s.

PRISON DORÉE

Une prison dorée à première vue, compte tenu de la températur­e et du paysage, mais la situation est de plus en plus inquiétant­e pour ces voyageurs. Séric a tenté le 21 mars dernier de rentrer à Grenade, où il pouvait remiser son bateau avant de prendre un vol pour rentrer à la maison.

Or, le skipper s’est fait refuser l’entrée par les garde-côtes. Le voyageur solitaire s’est donc réfugié dans une baie, rejoint plus tard par un autre voilier québécois, pour faire une quarantain­e de deux semaines.

Depuis, il peut se rendre sur l’île pour acheter des produits de première nécessité, mais « il n’y a pas grand-chose, il n’y a pas de Loblaws », illustre-t-il.

UNE OPÉRATION COORDONNÉE

cupants de voiliers québécois qu’il a recensés, de l’aide de la part du gouverneme­nt canadien pour les rapatrier. « Ça ne donne rien d’en√ 0,5 millin tout de suite, il faut coordonner tout ça », exgplique-t-il, précisant que l’opération pourrait « prendre des semaines ».

Il faudrait d’abord rapatrier les voyageurs vers des îles qui permettent le remisage des bateaux. « Un bateau, ce n’est pas une auto », explique le skipper, soulignant l’importance de protéger les embarcatio­ns d’éventuels ouragans.

Sauf que ces îles, Grenade ou les Bahamas par exemple, sont parfois à des jours de navigation. « Certains vont devoir faire deux semaines de navigation juste pour se rendre à Grenade, sans compter le temps pour remiser les bateaux », explique-t-il.

Tous ces défis logistique­s risquent donc de prendre plusieurs semaines, selon Séric, ce qui mène à la saison des ouragans et à la nécessité d’agir maintenant. Il y a aussi des questions diplomatiq­ues à régler pour permettre aux Canadiens d’accéder aux îles afin de prendre un vol de rapatrieme­nt.

TENSION PLUS GRANDE

Sans compter que plusieurs plaisancie­rs ont des statuts plutôt vagues en ce moment. Un skipper amarré tout près de Séric n’a pas le droit d’être sur place, mais n’a aucun autre endroit où aller. « Il n’est pas en règle. Heureuseme­nt pour lui, les garde-côtes ne sont pas venus le contrôler », raconte Séric. « La tension augmente dans les îles, on n’est pas dans un Club Med », plaide-t-il.

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1. Séric, qui voyage en solitaire, est amarré dans une baie d’une île de Saint-vincent-et-les-grenadines. Derrière, le voilier d’un autre Québécois prisonnier sur son bateau.
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2. Marie-michelle Larouche va accoucher de son troisième enfant aux îles Caïmans
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PHOTOS COURTOISIE 3. Marianne Brouillard, son conjoint et ses quatre enfants, présenteme­nt en Caroline du Nord, remontent vers le Québec.

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