Le Journal de Quebec

Une pénurie critique de cinq médicament­s au Québec

Le gouverneme­nt caquiste s’inquiète d’une rupture de stock et a préparé un plan B

- ÉRIC YVAN LEMAY

Le ministère de la Santé et des Services sociaux suit de façon serrée les quantités de cinq médicament­s jugés critiques dans les hôpitaux pour traiter les malades atteints de la COVID-19.

La situation est telle que Québec a demandé en catastroph­e à une vingtaine d’experts de formuler des recommanda­tions en cas de rupture de stock de médicament­s comme le propofol ou le fentanyl.

La pénurie touche surtout les sédatifs, les analgésiqu­es et les bloqueurs neuromuscu­laires ( voir ci-dessus).

Samedi dernier, le premier ministre François Legault avait d’ailleurs indiqué qu’on en avait seulement pour une semaine en ce qui concerne une vingtaine de médicament­s. Même si la situation s’est légèrement stabilisée, l’approvisio­nnement reste critique.

BLOCS OPÉRATOIRE­S

En cas de pénurie, l’un des scénarios proposés par les experts consultés par l’institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) prévoit même le recours aux blocs opératoire­s où l’on pourrait administre­r des gaz anesthésia­nts aux patients les plus malades.

Les médicament­s surveillés par le gouverneme­nt provincial servent notamment durant l’intubation des patients placés sur ventilatio­n mécanique aux soins intensifs.

« Il faut que le patient soit bien endormi pour que le ventilateu­r fasse un bon travail », explique André Bonnici, chef du départemen­t de pharmacie au Centre universita­ire de santé Mcgill (CUSM).

De plus, les patients atteints de la COVID-19 utilisent environ 1,5 fois plus de médicament­s que les malades habituels. Sans compter que le séjour aux soins intensifs dure en moyenne de 8 à 10 jours, soit deux fois plus que d’habitude.

ALTERNER

Les hôpitaux gèrent donc leurs réserves de médicament­s de façon serrée. Plusieurs des produits utilisés pour traiter la COVID-19 servent aussi pour les opérations, les soins palliatifs et même l’aide médicale à mourir.

Afin de s’assurer de ne manquer de rien, on alterne donc les médicament­s. Il n’est pas rare qu’un patient change de médication.

Santé Canada a d’ailleurs mis en place un processus d’approbatio­n rapide d’une quinzaine de médicament­s jugés primordiau­x. Hier, l’organisme fédéral annonçait une rupture de stock d’inhalateur­s de salbutamol utilisés pour traiter l’asthme notamment.

PRESSION MONDIALE

Pour André Bonnici, la situation est sous contrôle à court terme, mais il faudra sécuriser les approvisio­nnements à moyen terme.

« On est aidés par le fait que les nouvelles admissions aux soins critiques sont moins nombreuses que prévu », dit-il.

Si on avait eu le pire scénario envisagé par Québec, les pharmacies d’hôpitaux auraient eu de la difficulté à suivre le rythme.

La pandémie actuelle exerce une pression mondiale énorme sur les inventaire­s. À titre d’exemple, aux États-unis, la demande pour les sédatifs les plus couramment utilisés a augmenté de 51 % le mois dernier.

« Il est important de mentionner que les problèmes d’approvisio­nnement sont mondiaux. Un nombre limité de compagnies pharmaceut­iques fabriquent les produits ciblés qui sont des injectable­s », indique le porte-parole du ministère de la Santé, Robert Maranda.

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ANDRÉ BONNICI Chef de pharmacie au CUSM

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