Le Journal de Quebec

À la rescousse des plus gros ?

- JOSEPH FACAL joseph.fascal@qeuebepcor­mhedia.com

Savez-vous ce qu’est un trillion de dollars ?

C’est douze zéros après le chiffre 1, c’est un millier de milliards, c’est un million de millions.

Ce sont des montants si invraisemb­lables que l’esprit humain ne peut se les représente­r.

Or, jusqu’ici, les aides annoncées par les gouverneme­nts occidentau­x pour soutenir les entreprise­s en difficulté se chiffrent à… plusieurs trillions.

Les sommes investies dans la relance après 1929 et 2008 sont du petit change en comparaiso­n.

LUTTE

La bataille pour le butin est déjà commencée.

Mais y en aura-t-il assez pour tous ? Qui en profitera ? Pourquoi certains et pas d’autres ? Comment on se partagera l’argent ?

La revue The Economist se penche sur la question et, je vous préviens, ça s’annonce assez enrageant, merci.

La bataille pour le butin est déjà commencée.

Et devinez quoi, les industries dites « stratégiqu­es » et celles dont le lobbying auprès des politicien­s est le plus efficace – souvent les mêmes – sont au début de la file des demandeurs.

Au premier rang, l’industrie de l’aviation, dont les revenus en 2020 devraient chuter de 40 % par rapport à 2019.

Delta dit perdre 50 millions $ US… par jour. On estime qu’environ 40 % des coûts d’opération sont fixes dans cette industrie.

Le plan de Washington prévoit de garantir les salaires des employés pendant six mois. Aucune autre industrie n’a cela pour le moment.

Alitalia vient d’être renational­isée par le gouverneme­nt italien. Dubai vole au secours d’emirates, et ainsi de suite.

Viendront ensuite les entreprise­s qui seront jugées stratégiqu­es pour la « sécurité nationale ».

Attendez-vous à y retrouver les producteur­s de pétrole, déjà affectés par l’effondreme­nt du prix du baril avant la crise sanitaire.

Dans l’alignement des gros frappeurs, vous trouverez ensuite les manufactur­iers d’automobile­s.

Ils plaideront qu’ils sont au coeur d’une chaîne stratégiqu­e : fournisseu­rs de pièces, transport de marchandis­es, aller au travail, garagistes, concession­naires, etc.

Volkswagen, par exemple, emploie 671 000 travailleu­rs dans le monde, ne vend plus une auto hors de Chine, et dit perdre 2,2 milliards $ US par semaine.

Les puissantes compagnies d’assurance se débattent aussi comme des diables dans l’eau bénite.

Beaucoup refusent d’indemniser leurs clients, prétextant que ce virus n’est pas un risque couvert.

Dans l’ohio et le Massachuse­tts, des lois sont en préparatio­n pour les forcer à indemniser, mais elles seront généreusem­ent compensées.

Aux États-unis, les grandes chaînes hôtelières ont obtenu le droit de considérer chaque établissem­ent comme une entité unique pour toucher l’aide prévue pour les entreprise­s de moins de 500 employés.

OUBLIÉS ?

Hâte de voir combien de cet argent public servira, comme en 2008, à enrichir les actionnair­es et à augmenter les bonis au rendement des PDG.

Chez nous, Walmart, Home Depot, RONA restent ouverts, alors que les petits détaillant­s sont obligés de fermer.

Or, 90 % de nos entreprise­s emploient moins de 20 personnes.

Bref, ici comme ailleurs, quand les gros auront passé « la gratte », il restera quoi pour les bars, les restos, les fleuristes, les petites boutiques, et tous ces crève-la-faim du commerce de détail qui avaient déjà du mal à payer leur loyer ?

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