À la rescousse des plus gros ?
Savez-vous ce qu’est un trillion de dollars ?
C’est douze zéros après le chiffre 1, c’est un millier de milliards, c’est un million de millions.
Ce sont des montants si invraisemblables que l’esprit humain ne peut se les représenter.
Or, jusqu’ici, les aides annoncées par les gouvernements occidentaux pour soutenir les entreprises en difficulté se chiffrent à… plusieurs trillions.
Les sommes investies dans la relance après 1929 et 2008 sont du petit change en comparaison.
LUTTE
La bataille pour le butin est déjà commencée.
Mais y en aura-t-il assez pour tous ? Qui en profitera ? Pourquoi certains et pas d’autres ? Comment on se partagera l’argent ?
La revue The Economist se penche sur la question et, je vous préviens, ça s’annonce assez enrageant, merci.
La bataille pour le butin est déjà commencée.
Et devinez quoi, les industries dites « stratégiques » et celles dont le lobbying auprès des politiciens est le plus efficace – souvent les mêmes – sont au début de la file des demandeurs.
Au premier rang, l’industrie de l’aviation, dont les revenus en 2020 devraient chuter de 40 % par rapport à 2019.
Delta dit perdre 50 millions $ US… par jour. On estime qu’environ 40 % des coûts d’opération sont fixes dans cette industrie.
Le plan de Washington prévoit de garantir les salaires des employés pendant six mois. Aucune autre industrie n’a cela pour le moment.
Alitalia vient d’être renationalisée par le gouvernement italien. Dubai vole au secours d’emirates, et ainsi de suite.
Viendront ensuite les entreprises qui seront jugées stratégiques pour la « sécurité nationale ».
Attendez-vous à y retrouver les producteurs de pétrole, déjà affectés par l’effondrement du prix du baril avant la crise sanitaire.
Dans l’alignement des gros frappeurs, vous trouverez ensuite les manufacturiers d’automobiles.
Ils plaideront qu’ils sont au coeur d’une chaîne stratégique : fournisseurs de pièces, transport de marchandises, aller au travail, garagistes, concessionnaires, etc.
Volkswagen, par exemple, emploie 671 000 travailleurs dans le monde, ne vend plus une auto hors de Chine, et dit perdre 2,2 milliards $ US par semaine.
Les puissantes compagnies d’assurance se débattent aussi comme des diables dans l’eau bénite.
Beaucoup refusent d’indemniser leurs clients, prétextant que ce virus n’est pas un risque couvert.
Dans l’ohio et le Massachusetts, des lois sont en préparation pour les forcer à indemniser, mais elles seront généreusement compensées.
Aux États-unis, les grandes chaînes hôtelières ont obtenu le droit de considérer chaque établissement comme une entité unique pour toucher l’aide prévue pour les entreprises de moins de 500 employés.
OUBLIÉS ?
Hâte de voir combien de cet argent public servira, comme en 2008, à enrichir les actionnaires et à augmenter les bonis au rendement des PDG.
Chez nous, Walmart, Home Depot, RONA restent ouverts, alors que les petits détaillants sont obligés de fermer.
Or, 90 % de nos entreprises emploient moins de 20 personnes.
Bref, ici comme ailleurs, quand les gros auront passé « la gratte », il restera quoi pour les bars, les restos, les fleuristes, les petites boutiques, et tous ces crève-la-faim du commerce de détail qui avaient déjà du mal à payer leur loyer ?