Où s’en va-t-on ?
François Legault a réussi un tour de force : convaincre la majorité des Québécois de respecter les mesures extrêmes du confinement, à défaut desquelles la pandémie aurait fait des centaines de victimes supplémentaires.
François Legault sait rassurer les citoyens et expliquer avec sa manière directe, raisonnable et parfois émotive les tenants de la crise actuelle
Or l’homme est visiblement fatigué pour ne pas dire exténué. D’ailleurs, devant les caméras, il tousse souvent. Hier, il a retrouvé le réflexe de tousser dans son coude plutôt que dans sa main.
RYTHME INFERNAL
En interpellant avec une agressivité à peine dissimulée les médecins spécialistes pour leur enjoindre d’investir les CHSLD et d’accomplir les tâches des infirmières et des préposés débordés, François Legault laisse à penser qu’il devrait relâcher le rythme infernal imposé par ses responsabilités.
À l’évidence, monsieur Legault a été imprudent. Les bureaucrates du ministère de la Santé réformé par le docteur Barrette semblent desservir le premier ministre. Tout comme sa ministre de la Santé, Danielle McCann, qui apprend trop souvent de la bouche des journalistes ce qui se passe réellement sur le terrain.
Comment le premier ministre s’est-il laissé convaincre de lancer cet appel échevelé et dramatique aux médecins spécialistes ? Pourtant, des dizaines de milliers de personnes ayant une expérience dans le domaine furent rejetées ou ignorées par les fonctionnaires chargés de recevoir leurs dossiers.
François Legault, qui sait élégamment s’élever au-dessus de la mêlée dans sa fonction afin de parler au nom de tous les Québécois, a flanché cette semaine en recourant à la démagogie. En effet, les médecins, qu’on ne critique guère lorsqu’on est malades et qui nous soignent avec compétence et empathie, provoquent colère et envie à cause des salaires que l’état leur a consentis grâce à leur syndicat médical dirigé ces dernières décennies par
Monsieur Legault est fatigué
des pitbulls tels Gaétan Barrette et Diane Francoeur.
COURAGE
Le chef du gouvernement possède une rare qualité. Avec courage, il admet ses erreurs. Vendredi, il a avoué qu’il aurait dû augmenter, avant la pandémie, le salaire des préposés dans les établissements de soins. Malgré l’opposition des syndicats, qui exigeaient que cela s’applique à tous les syndiqués.
Raison de plus que son honnêteté ne soit pas entachée par des informations inexactes ou approximatives fournies par des fonctionnaires. Ce serait un comble que l’incurie administrative dans des ministères desserve le premier ministre.
François Legault n’est pas un surhomme. Pourtant, depuis la crise, il a même rallié des Québécois opposés à lui, grâce à sa compétence à diriger le Québec.
Son expérience politique n’a pas altéré une espèce de naïveté chez lui. Il doit désormais se méfier des approximations dans les faits qu’on lui présente. Son entourage devrait revérifier les dossiers qu’on lui fournit.
Les Québécois ont tous été assommés par les révélations sur l’état de nos CHSLD. Le premier ministre devra après la tempête déconstruire le système mis en place par le gouvernement précédent et ses cowboys technocrates sans coeur. Le Québec le doit à tous ses vieux, morts dans l’indignité.