Le Journal de Quebec

Dans la rue à 5000 km de chez lui

Un ingénieur de Colombie-britanniqu­e se prépare à passer la nuit dehors - 19 au 25 avril 2020 -

- JÉRÉMY BERNIER

« IL N’Y A PLUS D’AVIONS, DE COVOITURAG­E OU D’AUTOBUS ET JE N’AI PAS DE PERMIS DE CONDUIRE, ALORS JE NE PEUX PAS LOUER UNE VOITURE »

Le sort s’acharne sur un BritannoCo­lombien qui, après être resté coincé à Winnipeg pendant les barrages ferroviair­es de février, est désormais incapable de quitter le Québec pour rentrer chez lui à cause de la pandémie.

Rien ne va plus pour Martin Joseph, un ingénieur en réseautiqu­e originaire de Prince-rupert, en Colombie-britanniqu­e. À la mi-février, il a quitté sa région en train pour travailler à Sherbrooke, où il a obtenu un contrat.

Après avoir traversé la moitié du pays, il se retrouve bloqué à Winnipeg en raison des barrages ferroviair­es en soutien aux chefs héréditair­es wet’suwet’en. Deux jours plus tard, il est finalement parvenu à trouver des covoitureu­rs pour se rendre à destinatio­n.

DE MAL EN PIS

Or, la pandémie de COVID-19 s’est mise de la partie au début du mois de mars. Après quelques jours d’incertitud­e, son contrat a finalement été annulé. C’est à ce moment que son calvaire a commencé.

« J’avais un billet de train pour retourner chez moi le 14 mars, mais il a été annulé et VIA Rail me dit qu’il n’y en aura pas d’autres avant le 1er juin. Il n’y a plus d’avions, de covoiturag­e ou d’autobus et je n’ai pas de permis de conduire, alors je ne peux pas louer une voiture », raconte M. Joseph complèteme­nt désemparé.

Recherchan­t désespérém­ent un endroit où se loger en attendant de trouver une solution, l’homme a réservé un Airbnb, payé à l’avance. Le propriétai­re du logement a finalement annulé sa réservatio­n. Même scénario, un peu plus tard, avec une chambre d’hôtel.

« J’attends encore le remboursem­ent de 1900 $ du Airbnb et celui de l’hôtel. En un mois, j’ai dépensé presque 10 000 $ pour essayer de me loger et pour me déplacer », déplore-t-il alors qu’il doit également payer sa maison en Colombie-britanniqu­e.

L’homme a finalement trouvé un condo à louer, en attendant la suite des choses. Toutefois, à 1500 $/mois, M. Joseph ne peut se permettre d’y loger que pour une semaine.

SOUS UNE TENTE

« J’ai acheté de l’équipement, une tente, un sleeping bag. Je m’apprête à me chercher un coin tranquille pour dormir dehors avant de retourner chez moi… », laisse-t-il entendre.

À la recherche d’une aide quelconque, il affirme d’ailleurs avoir contacté Global Affairs, la Croix-rouge, la Croix Bleue, Travelaid et même la mairie de Montréal, sans succès.

La seule option qu’on lui a présentée après tous ces appels, c’est de loger quelque temps à la Mission Old Brewery. Une solution temporaire qui n’est pas envisageab­le pour l’ingénieur.

« Il y a des centaines de personnes là-dedans et je me promène avec 5000 $ d’équipement­s informatiq­ues. Si je me faisais voler, ça serait le bout », conclut-il.

S’il ne trouve pas de solution rapidement, M. Joseph compte se déplacer vers l’ontario, où il espère avoir un peu plus de chance en attendant de retourner chez lui.

– Martin Joseph

 ??  ?? À court d’argent et incapable de rentrer chez lui, Martin Joseph a acheté de l’équipement pour passer la nuit dans les rues de Montréal. PHOTO CHANTAL POIRIER
À court d’argent et incapable de rentrer chez lui, Martin Joseph a acheté de l’équipement pour passer la nuit dans les rues de Montréal. PHOTO CHANTAL POIRIER
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