Le Journal de Quebec

On saura dès le mois de juin si la colchicine est efficace

Une vaste étude est en cours à l’institut de cardiologi­e de Montréal

- Nicolas Lachance l Nicolaslac­hance

Les effets dévastateu­rs de la COVID-19 chez les personnes vulnérable­s pourraient être neutralisé­s grâce à la colchicine, un anti-inflammato­ire déjà existant. Les résultats de l’étude hautement financée par Québec sont attendus d’ici juin.

Au bout du fil, le Dr Jean-claude Tardif de l’institut de cardiologi­e de Montréal (IMC) est très optimiste. Il mène un vaste chantier afin de prouver que la colchicine, un médicament qui sert à traiter la goutte, permettrai­t de stopper la tempête inflammato­ire causée par la COVID-19 et qui s’attaque aux poumons.

Les résultats de son étude sur la colchicine pourraient être connus d’ici juin. Le gouverneme­nt du Québec fonde d’ailleurs beaucoup d’espoir sur les travaux du Dr Tardif et son équipe. Ce projet du Centre de recherche de L’ICM a fait l’objet d’un appui de 5,3 M$ de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux. « Cette recherche-là, on la suit de très près », a récemment déclaré la ministre de la Santé, Danielle Mccann.

BLOQUER L’INFLAMMATI­ON

L’hypothèse des chercheurs est que les enfants ont naturellem­ent des molécules anti-inflammato­ires qui mettent un frein aux complicati­ons causées par la COVID-19. C’était la même chose lors de la pandémie de grippe espagnole en 1918, souligne le Dr Tardif.

Un mécanisme qui s’atténue en vieillissa­nt. C’est pourquoi les personnes âgées ont des symptômes très sévères pouvant provoquer la mort. La colchicine aurait la capacité de bloquer cette réaction inflammato­ire.

Le protocole de recherche prévoyait dès le départ un nombre plus élevé de candidats ayant plus de 70 ans. « On se doutait que c’était cette population-là qui était plus à risque », explique l’expert de réputation internatio­nale.

Même si le médicament fonctionne, la mortalité restera plus élevée chez les personnes âgées, précise le Dr Tardif. « Ça ne veut pas dire que le médicament n’est pas efficace. Si vous prenez une personne âgée, dont le risque de mortalité est de 12 % et que ça baisse à 4 %… Dans les circonstan­ces, le médicament serait très protecteur », signale-t-il.

À L’AVEUGLE

Depuis le 20 mars dernier, afin de réaliser une étude fiable, les responsabl­es de l’étude surnommée COLCORONA cherchent 6000 patients atteints de la COVID-19. « On veut terminer le recrutemen­t, j’espère, d’ici trois semaines », indique le Dr Tardif. Pour que l’étude soit crédible, la moitié des participan­ts prend un placébo et l’autre la colchicine.

« Nous sommes à l’aveugle, comme le patient. Je ne peux pas vous dire quelle est la réponse au médicament. On va le savoir à la fin de l’étude. »

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Des chercheurs partout au Québec participen­t à l’étude sur la colchicine. Il y a aussi des ententes avec des groupes de New York, Madrid, la Colombie-britanniqu­e, l’ontario et bientôt la Californie. Sur la photo, le responsabl­e de l’étude, Jean-claude Tardif.
PHOTO COURTOISIE Des chercheurs partout au Québec participen­t à l’étude sur la colchicine. Il y a aussi des ententes avec des groupes de New York, Madrid, la Colombie-britanniqu­e, l’ontario et bientôt la Californie. Sur la photo, le responsabl­e de l’étude, Jean-claude Tardif.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada