On saura dès le mois de juin si la colchicine est efficace
Une vaste étude est en cours à l’institut de cardiologie de Montréal
Les effets dévastateurs de la COVID-19 chez les personnes vulnérables pourraient être neutralisés grâce à la colchicine, un anti-inflammatoire déjà existant. Les résultats de l’étude hautement financée par Québec sont attendus d’ici juin.
Au bout du fil, le Dr Jean-claude Tardif de l’institut de cardiologie de Montréal (IMC) est très optimiste. Il mène un vaste chantier afin de prouver que la colchicine, un médicament qui sert à traiter la goutte, permettrait de stopper la tempête inflammatoire causée par la COVID-19 et qui s’attaque aux poumons.
Les résultats de son étude sur la colchicine pourraient être connus d’ici juin. Le gouvernement du Québec fonde d’ailleurs beaucoup d’espoir sur les travaux du Dr Tardif et son équipe. Ce projet du Centre de recherche de L’ICM a fait l’objet d’un appui de 5,3 M$ de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux. « Cette recherche-là, on la suit de très près », a récemment déclaré la ministre de la Santé, Danielle Mccann.
BLOQUER L’INFLAMMATION
L’hypothèse des chercheurs est que les enfants ont naturellement des molécules anti-inflammatoires qui mettent un frein aux complications causées par la COVID-19. C’était la même chose lors de la pandémie de grippe espagnole en 1918, souligne le Dr Tardif.
Un mécanisme qui s’atténue en vieillissant. C’est pourquoi les personnes âgées ont des symptômes très sévères pouvant provoquer la mort. La colchicine aurait la capacité de bloquer cette réaction inflammatoire.
Le protocole de recherche prévoyait dès le départ un nombre plus élevé de candidats ayant plus de 70 ans. « On se doutait que c’était cette population-là qui était plus à risque », explique l’expert de réputation internationale.
Même si le médicament fonctionne, la mortalité restera plus élevée chez les personnes âgées, précise le Dr Tardif. « Ça ne veut pas dire que le médicament n’est pas efficace. Si vous prenez une personne âgée, dont le risque de mortalité est de 12 % et que ça baisse à 4 %… Dans les circonstances, le médicament serait très protecteur », signale-t-il.
À L’AVEUGLE
Depuis le 20 mars dernier, afin de réaliser une étude fiable, les responsables de l’étude surnommée COLCORONA cherchent 6000 patients atteints de la COVID-19. « On veut terminer le recrutement, j’espère, d’ici trois semaines », indique le Dr Tardif. Pour que l’étude soit crédible, la moitié des participants prend un placébo et l’autre la colchicine.
« Nous sommes à l’aveugle, comme le patient. Je ne peux pas vous dire quelle est la réponse au médicament. On va le savoir à la fin de l’étude. »