Une étude québécoise va bon train
Des chercheurs du CHU de Québec misent eux aussi sur des médicaments connus pour vaincre le coronavirus
Une équipe franco-québécoise de chercheurs, pilotée par le Dr Guy Boivin du CHU de Québec, mise, elle aussi, sur l’utilisation de médicaments existants pour freiner le virus afin de gagner du temps.
Plusieurs autres scientifiques dans le monde entier ont opté pour le « repositionnement thérapeutique », soit l’utilisation d’un médicament déjà approuvé pour une autre pathologie médicale pour combattre la COVID-19.
L’approche innovatrice de l’équipe du Dr Boivin pourrait permettre un développement clinique accéléré. Elle consiste à identifier la signature du virus dans les cellules épithéliales bronchiques puis à la comparer avec celle de composés disponibles sur le marché. L’objectif : trouver les molécules déjà accessibles qui ont une signature cellulaire à l’opposé, dans l’espoir d’obtenir les meilleurs résultats.
« Ce n’est pas quelque chose qu’on fait au hasard, contrairement à d’autres composés dont on entend beaucoup parler ces temps-ci et qui ont été trouvés de façon aléatoire. Là, on est en train de déterminer la signature du coronavirus dans les cellules et d’ici quatre à six semaines, on va être capables d’avoir une liste d’une dizaine de composés candidats qu’on pourrait tester d’abord chez l’animal et ensuite chez l’humain », expose le Dr Boivin, qui est titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les virus en émergence.
SAUTER QUELQUES ÉTAPES
Le microbiologiste-infectiologue a utilisé la même recette dans les dernières années avec l’influenza. « On a obtenu des brevets pour ça, dit-il. Il y a même une étude clinique qui est en cours en ce moment en Europe avec les molécules qu’on a trouvées contre le virus influenza. »
« Puisqu’on travaille avec des composés déjà connus, on peut sauter la phase 1 d’évaluation clinique donc on peut passer en phase 2 directement, explique-t-il. On peut retrancher deux à trois mois dans le processus entre la découverte et l’homologation puis la commercialisation. »
Le gouvernement fédéral lui a versé une subvention de près de 900 000 $ pour ses travaux, menés conjointement avec des chercheurs de l’université Claude Bernard Lyon 1, en France.
LABORATOIRE À LA FINE POINTE
Fruit du hasard, le Dr Boivin peut également effectuer ses travaux dans un laboratoire de niveau de confinement 3 flambant neuf, inauguré en janvier dernier.
« On n’a pas besoin d’aller à Toronto ou Winnipeg, puis se faire dire qu’il faut attendre six à huit mois, indique-t-il. On est maintenant plus indépendants et plus rapides. »