Le Journal de Quebec

Un pion de la Chine

- Loïc Tassé

Ils logent tous ensemble dans le même immeuble. Ils sont nommés et démis de leurs fonctions par le gouverneme­nt chinois. Ils reverserai­ent une partie de leur salaire aux autorités chinoises. Ils reçoivent des ordres directemen­t du gouverneme­nt chinois. Qui donc ? Les employés chinois de L’ONU qui travaillen­t à New York. Ces pratiques sont interdites.

Les employés de L’ONU doivent être indépendan­ts. Pourtant, les manigances du gouverneme­nt chinois sont connues dans le milieu diplomatiq­ue. Elles sont calquées sur celles que les Soviétique­s tramaient pendant la Guerre froide. Les Américains eux-mêmes ont toujours exercé un certain contrôle sur les employés d’origine américaine qui travaillen­t à L’ONU. Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner quand des organisati­ons de L’ONU, comme l’organisati­on mondiale de la santé (OMS), font le jeu de la Chine.

1 Quel est le rôle officiel de L’OMS ? L’OMS a pour mission d’amener tous les peuples du monde au niveau de santé le plus élevé possible. Pour ce faire, L’OMS peut déployer tous les moyens qui lui semblent appropriés : aide directe, recherche, enseigneme­nt, coordinati­on des actions internatio­nales en santé, etc. L’organisati­on compte plus de 7000 employés répartis dans 150 pays. Son siège social est à Genève.

2 Pourquoi l’organisati­on est-elle accusée d’être à la solde du gouverneme­nt chinois ? Le gouverneme­nt chinois a surtout commencé à faire sentir son influence dans L’OMS en 2006, lorsque Margaret Chan, une Chinoise de Hong Kong, a été élue à la tête de l’organisati­on. Elle demeurera à ce poste jusqu’en 2017. Chan a exclu Taïwan de 70 % des réunions de l’organisati­on.

Elle a aussi utilisé L’OMS pour promouvoir la médecine chinoise. Mais ce type de médecine est discrédité jusqu’en Chine, auprès des médecins avec une formation scientifiq­ue. Des intérêts pharmaceut­iques chinois puissants poussent à la reconnaiss­ance de la médecine traditionn­elle chinoise. Pourtant, les médicament­s traditionn­els chinois n’ont généraleme­nt pas été testés scientifiq­uement. Ils sont souvent inefficace­s.

3 Que reprochent certains pays à L’OMS ? L’actuel directeur de L’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, est un politicien éthiopien. Or, la Chine est le premier donateur et le premier partenaire commercial de l’éthiopie. Plusieurs estiment que L’OMS s’est alignée sur le gouverneme­nt chinois depuis le début de la crise. L’organisati­on a commencé par déclarer le 14 janvier que la COVID-19 n’était pas transmissi­ble entre humains. Puis elle s’est prononcée contre les restrictio­ns concernant les voyageurs en provenance de Chine. Elle a enfin louangé sans nuance le travail de la Chine.

4 Comment expliquer la dureté de la réaction américaine ? Donald Trump a suspendu le financemen­t américain à L’OMS. Mais la crise du coronaviru­s n’est probableme­nt pas la seule raison pour laquelle il a agi ainsi. Il y a un an, L’OMS a condamné les conditions de santé dans les territoire­s occupés par Israël. Or, l’administra­tion Trump appuie aveuglémen­t le gouverneme­nt de Benjamin Netanyahou. Il s’agit donc possibleme­nt aussi d’un geste de vengeance.

5 Et le Canada ? Le véritable problème derrière la saga de L’OMS est celui de l’influence des dictatures sur L’ONU. Justin Trudeau plie facilement l’échine devant les dictatures. Par exemple, il vient en catimini de reconduire le contrat de vente de camions blindés à l’arabie saoudite. Mais rien ne justifie plus de commercer avec cet État sanguinair­e, totalitair­e et terroriste. Rien sauf quelques votes au sud de l’ontario. Toujours pour quelques votes, cette fois à L’ONU, Trudeau cherche à se concilier les faveurs de la Chine.

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