De nouvelles plateformes québécoises
Face à la fermeture temporaire des cinémas en raison de la crise du coronavirus, plusieurs distributeurs et propriétaires de salles québécois ont récemment lancé des plateformes de vidéos sur demande afin de permettre aux cinéphiles de visionner des films récents dans le confort de leur salon. Une solution qui répond à une demande à court terme, mais qui ne vise pas à remplacer le cinéma en salle, assurent les principaux intéressés.
« Notre objectif est d’adoucir un peu le confinement des personnes à la maison pendant la pandémie de COVID-19 », a indiqué Vincent Guzzo la semaine dernière dans un communiqué annonçant la mise en ligne de la nouvelle plateforme numérique des Cinémas Guzzo (www.cinemasguzzostreaming.com). Ses cinémas étant fermés depuis la mi-mars, l’homme d’affaires a lancé ce service qui permet de commander des films à la pièce sans avoir à payer d’abonnement mensuel.
« C’est comme un club vidéo en ligne », a précisé M. Guzzo au Journal. « On va avoir des films récents, mais pas de primeurs. » Au moment d’écrire ces lignes, seulement une poignée de titres (des films d’animation familiaux) étaient offerts sur
le site, mais M. Guzzo assure que le catalogue sera bonifié au fur et à mesure.
Le distributeur MK2 Mile End (une filiale de la compagnie française MK2) a aussi lancé, il y a une dizaine de jours, une nouvelle plateforme de vidéos à la demande (www.mk2mile-end.com). Ce service en ligne permet de visionner à la maison le catalogue complet de MK2 Mile End qui comprend plusieurs films français (dont la nouveauté Portrait de la jeune fille en feu), mais aussi des productions internationales comme la comédie noire sud-coréenne Parasite (gagnante de plusieurs Oscars) et le drame québécois Il pleuvait des oiseaux, un des grands succès de l’automne dernier au box-office. Les cinéphiles peuvent louer ou acheter les films proposés.
« On avait déjà une plateforme Vimeo qui était très artisanale, mais les événements des dernières semaines et la fermeture des salles ont fait en sorte qu’on a pu se consacrer à temps plein à l’élaboration de cette nouvelle plateforme sur laquelle on retrouve tous les titres de notre répertoire », indique le président et fondateur de MK2 Mile End, Charles Tremblay.
« La plateforme a été lancée il y a moins de deux semaines, mais on s’aperçoit déjà que ça répond à une demande. Il y a des gens qui nous ont écrit pour nous dire qu’ils étaient ravis parce qu’ils avaient l’impression de pouvoir retrouver le même genre de programmation que dans des cinémas comme le Beaubien ou le Clap. Ça permet aux gens qui aiment ce genre de films d’avoir de quoi se mettre sous la dent pour un petit bout de temps. »
Le cinéma de répertoire montréalais Cinéma Moderne a aussi inauguré la semaine dernière une plateforme en ligne où il est possible de louer des films qui ont quitté l’écran prématurément ou qui ont été repoussés à cause de la pandémie de la COVID-19. D’ici à la réouverture du cinéma, la sélection de films offerts sera renouvelée chaque semaine (www.cinemamoderne.com).
L’AVENIR DU CINÉMA ?
En lançant sa nouvelle plateforme en ligne, Vincent Guzzo a tout de suite précisé que ce service sera « éphémère ». Pour lui, le cinéma en ligne ne remplacera jamais le cinéma en salle :
« Je suis convaincu que les gens vont retourner au cinéma un jour, affirme-til. Je crois qu’après cette crise, les gens vont vouloir retrouver les choses qu’ils aiment et dont ils se sont ennuyés, comme le cinéma. À partir du moment où on va pouvoir rouvrir nos salles et qu’on va présenter des gros films attendus comme Wonder Woman ou James Bond, les gens vont revenir. »
Charles Tremblay continue de croire que le cinéma en salle ne cessera pas d’exister après la crise actuelle :
« Je l’espère et je le crois aussi, souligne le distributeur. Je pense que c’est normal que la question sur l’avenir du cinéma en salle se pose en ce moment avec le confinement et la popularité des plateformes comme Netflix depuis quelques années. Mais je pense qu’à moyen ou à long terme, le cinéma en salle reviendra parce que l’expérience de voir un film au cinéma n’est pas remplaçable par celle de le voir à la maison. Pour moi, les deux se complètent bien. Il y a des gens qui vont préférer voir les films à la maison. Mais je pense qu’il y aura aussi toujours beaucoup de gens qui vont avoir envie de sortir pour voir des films au cinéma. »