Plus jeune, Louis-luc
Beaudoin était trop frêle pour pratiquer le football, trop peureux pour s’entraîner à la boxe et trop petit pour jouer au basketball. Il sait courir, mais n’a pas assez de souffle pour faire un marathon, sans compter qu’il nage comme une roche. Qu’à cela ne tienne ! Louis-luc n’a peutêtre jamais accompli d’exploits sportifs, mais dans ce livre, il a su conjuguer sa passion du sport avec son talent pour l’écriture.
Je ne vous raconterai pas d’histoires : je n’ai jamais été un très bon sportif. Déjà, à l’école primaire, j’étais toujours le dernier choisi pour faire partie d’une équipe de ballon-chasseur. Il faut dire que j’étais frêle et pas très solide sur mes pieds. Un jour, en tentant d’esquiver le ballon, je suis tombé et me suis foulé un doigt. Quelques jours plus tard, voyant mon pouce gros comme une balle de golf, mon père m’a conduit chez un « ramancheur ». Ma fierté de p’tit gars en a pris un coup.
À la même époque, la compagnie de soupe Lipton a eu la bonne idée d’imprimer des cartes de hockey sur l’emballage. On les découpait à même l’endos des boîtes de carton. Je les avais toutes et je connaissais par coeur les statistiques des joueurs. J’accompagnais mon père chaque semaine à l’épicerie et il me laissait choisir les boîtes de soupe. Inutile de vous dire que j’en ai mangé de la soupe Lipton... Je repense aussi à mon père, qui m’avait inscrit à une ligue mineure de baseball. Je n’étais pas très vieux, environ sept ou huit ans. Il m’avait demandé à quelle position je voulais jouer. J’avais répondu innocemment « frappeur ». Il avait bien ri.
Mon père m’a également inscrit à des cours de natation. Après plusieurs séances dans le lac Mégantic, je n’ai pas réussi à dépasser le premier niveau : « faire des bulles à la surface ». Je me rappelle que la jeune soeur de mon ami Yves Nadeau, ayant appris que j’avais peur de l’eau, m’avait traité de pea soup. (Je tiens à dire ici que je ne t’en veux plus, Nathalie !)
Un peu plus tard, j’ai porté avec joie les vieux gants de mon père pour jouer au hockey-bottine dans les rues de mon quartier. Ils étaient trop grands pour moi et sentaient la sueur et le vieux cuir. Il y avait aussi un trou dans un des gants. Le droit. C’est comme si c’était hier. Un jour, imitant maladroitement le joueur de baseball Bill Lee des Expos de Montréal, j’ai lancé accidentellement une balle dans la vitre de la porte d’entrée de notre maison. Mon père n’était pas content. Je me souviens encore du fracas de la vitre cassée et du sentiment de plus en plus clair que je ne deviendrai jamais lanceur dans les grandes ligues.
Je n’ai pas oublié non plus le nombre incalculable de volants de badminton, de rondelles de hockey, de balles de golf, de tennis et de baseball perdus dans l’épaisse haie de cèdres qui séparait notre cour de celle du voisin. Quand mon père me demandait où était ma balle orange, je lui répondais immanquablement « dans la haie de cèdres », et il m’en achetait une autre. Dans mon jeune temps, « les cèdres avaient des boules »...
À la même époque, mon père m’a construit un but de hockey en planches de bois et en jute. Je l’adorais même s’il pesait une tonne. J’étais heureux aussi du masque de gardien de but que mon père m’avait acheté. Il était semblable à celui de Ken Dryden. Je me suis même déjà endormi avec lui... À l’époque, je rêvais de coupe Stanley et d’arrêts spectaculaires.
Par la suite, je me suis adonné au tennis (sans grand succès), au golf (n’en parlons pas), à la course à pied (10 km en 54 min 10 s, mon meilleur temps), au badminton (joueur passable), au volleyball (service moyen, smash médiocre), au basketball et au football. Aujourd’hui, mon père n’est plus là pour m’encourager et me dire : « Vas-y, Louis-luc ! » Mais je suis certain qu’il aurait aimé Quiz Sports. Je l’imagine venir vers moi pour me donner une petite tape dans le dos en me disant fièrement : « C’est beau, mon gars ! » C’est sûrement ce qu’il aurait fait. J’espère que vous aurez du plaisir à vous muscler les neurones avec ces questions ludiques. Bon sport !