Le Journal de Quebec

« On y va avec la peur au ventre »

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

Le décès d’une première préposée aux bénéficiai­res à Montréal concrétise une peur déjà palpable auprès de plusieurs de ses consoeurs avec qui Le Journal s’est entretenu.

« On voit ce qui se passe et on essaie de s’encourager. Ce n’est pas évident », a réagi Annie, une préposée aux bénéficiai­res d’un autre établissem­ent montréalai­s.

Elle compte plus d’une centaine de cas. Elle aussi a contracté le virus dans les derniers jours.

Des collègues de travail ont également reçu un résultat positif à la COVID-19. Verdict qui est dû, selon elle, à la contagiosi­té du virus et au manque d’équipement médical.

« On a commencé à avoir des visières cette semaine » seulement, ajoute-t-elle, un peu apeurée de retourner sur le terrain.

LA PEUR AU VENTRE

Le risque d’être en contact avec le virus suscite des craintes même dans des endroits jusqu’à maintenant épargnés.

« On y va avec la peur au ventre, mais on le fait », lance Mélanie Couillard, qui oeuvre dans un CHSLD semi-privé de Québec.

« Ça fait longtemps qu’on est en détresse, qu’on est fatigués et qu’on demande de l’aide. Après avoir vu nos collègues tomber, on est psychologi­quement atteints », confie Véronique Desrochers, préposée d’une ressource semi-privée de Mascouche, épargnée par la pandémie pour le moment.

« Ce qui s’en vient va être pire. En ce moment, on fonce. Mais après, il faudra prendre soin de nous », espère Mme Desrochers.

« Tant que l’adrénaline est là, ça va bien aller », estime le psychologu­e Paul Langevin. Il y a une pression qui va se relâcher chez ces genslà. Ça va être inquiétant et ils vont devoir être bien entourés. »

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