Triste journée pour les préposés aux bénéficiaires
La sexagénaire décédée était une femme dévouée au bien-être des résidents
Une première préposée aux bénéficiaires décrite comme une femme qui avait le coeur sur la main est décédée vendredi, « une grande perte » pour le milieu, soutiennent des collègues.
« C’était vraiment une bonne préposée aux bénéficiaires. [...] Elle avait du coeur. Elle était tout le temps ici, souligne une collègue de Victoria Salvan. C’était une bonne vivante, et une bonne personne. Elle nourrissait tout le monde, elle était généreuse. Elle pensait à tout le monde, sauf à elle. »
Tous la décrivaient comme une femme formidable. Questionnés par Le Journal, ses collègues n’ont pas voulu dévoiler leur nom, par crainte de représailles.
La femme d’origine philippine est décédée vendredi des suites de la COVID-19 à son domicile. Elle travaillait dans la « zone chaude » du CHSLD Grace Dart, où il y avait, en date d’hier, 62 patients infectés sur 256 résidents.
Elle travaillait au CHSLD depuis au moins 25 ans selon le Syndicat canadien de la fonction publique. Elle était à quelques mois de sa retraite, ajoute sa collègue.
Celle qui était décrite comme la maman de son unité était dévouée à son métier, et pouvait faire des quarts de travail de 16 heures, trois ou quatre fois par semaine, pour payer l’université à ses deux fils.
« Elle parlait beaucoup de ses deux fiertés », ajoute une seconde collègue.
DORMIR AU TRAVAIL
Il lui arrivait même de dormir sur son lieu de travail, au lieu de retourner chez elle le soir, confie la première.
« Elle était toujours de bonne humeur, même si elle faisait double [quart de travail], après double, se rappelle un troisième collègue, qui travaille avec elle depuis une dizaine d’années. C’était une des meilleures. »
C’est pratiquement celle que tous appelaient « Vicky » qui l’a formé, se souvient ce préposé aux bénéficiaires.
« Elle nous enseignait surtout à travailler en équipe », évoque-t-il, en soulignant que la sexagénaire avait pris l’initiative de l’aider à ses débuts, alors qu’il avait un peu de difficulté à soutenir la pression.
Si ses collègues déplorent la perte immense, ils espèrent que la mort de leur collègue fera bouger les choses.
« Elle n’avait pas à mourir, dit le préposé, dénonçant notamment le manque d’équipement. C’est comme envoyer un soldat au front sans fusil, avec un couteau à beurre. »
C’est une triste journée, affirme pour sa part Michel Lemelin, président et directeur général de la Fédération professionnelle des préposés aux bénéficiaires du Québec.
« Les préposés sont malheureusement les plus à risques par rapport à tous les autres. On est 80 à 90 % du temps auprès du patient, explique-t-il. On souhaite exprimer nos plus sincères condoléances à la famille de la préposée, ainsi qu’à ses collègues. »