Les chauffeurs de bus scolaires inquiets
Ils craignent pour leur santé en cas de retour à l’école
« On le voit avec les CHSLD, les gens tombent comme des mouches. On ne veut pas qu’il nous arrive la même chose. »
Hélène Thibault, 61 ans, conduit des autobus depuis 30 ans. Ayant combattu un cancer, elle craint pour sa santé si elle doit reprendre le volant. Et elle n’est pas la seule.
« Il y a des chauffeurs qui parlent de ne pas revenir. On ne veut pas mettre notre vie en jeu », affirme celle qui est aussi présidente d’un syndicat de chauffeurs d’autobus dans la région de Québec.
Selon des données compilées en 2015, environ la moitié des chauffeurs d’autobus québécois sont âgés de 55 ans et plus. Près de 14 % ont atteint l’âge officiel de la retraite, soit 65 ans, ce qui représente environ 1400 chauffeurs.
ÉQUIPEMENT DE PROTECTION
La pénurie, déjà bien réelle avant la pandémie, pourrait s’accentuer si un retour à l’école est décrété trop vite, sans que les mesures de protection adéquates soient au rendez-vous, affirme Mme Thibault.
« On veut répondre présent, mais on ne veut pas que ce soit au péril de notre vie », lance-t-elle.
Pour la Fédération des employés de services publics (FEESP-CSN), qui représente 3000 chauffeurs d’autobus scolaire, du matériel de protection devra être disponible lors d’un éventuel retour des enfants à bord des véhicules jaunes.
Le président du secteur scolaire, Stephen Gauley, évoque des masques, des gants, des blouses, du gel désinfectant et des écrans de protection en plexiglas.
« Si les équipements ne sont pas disponibles, pensez-y même pas ! ll faut que les gens se sentent en sécurité lorsqu’ils retourneront travailler », affirme-t-il.
LE TEMPS DE SE PRÉPARER
Il faudra par ailleurs « quelques semaines » pour s’assurer de mettre en place toutes les mesures de protection nécessaires, affirme de son côté Stéphane Lefebvre, président de la Fédération des transporteurs par autobus, sans compter l’entretien minimum à effectuer sur les véhicules dont plusieurs ont été remisés.
« On va avoir besoin de préparation, on ne pourra pas faire ça à la dernière minute », lance-t-il.