Le Journal de Quebec

Une saison de course amochée

Les coureurs doivent gérer leurs énergies à travers une vague d’annulation­s

- STÉPHANE CADORETTE

Il n’y a pas que les grandes ligues sportives profession­nelles que la COVID-19 a envoyées au plancher. Le petit monde de la course à pied souffre aussi de la crise, et les coureurs, privés de leurs objectifs, doivent apprivoise­r l’inconnu.

Le calendrier de courses pourra-t-il être relancé cet automne ? Entre-temps, comment gérer l’entraîneme­nt pour garder la forme, tout en évitant une surcharge ? Les athlètes les plus expériment­és n’ont pas à naviguer dans ce type de questionne­ment.

Le commun des mortels qui s’adonne à la course à pied et qui se découvre une passion pour la compétitio­n nage toutefois dans l’inconnu.

Le site de course iskio. ca fait état de quelque 130 courses annulées sur le territoire québécois, en plus d’événements reportés.

« La question qui demeure, c’est combien de courses vont rester après tout ça ? Certains commandita­ires n’auront peut-être plus les dollars marketing pour soutenir les événements », réfléchit Marianne Pelchat, rédactrice en chef de Kmag, magazine québécois de course à pied.

PAS LE TEMPS DE LÂCHER

Pour Blaise Dubois, président de La clinique du coureur, ce n’est certaineme­nt pas le moment de baisser la garde pour les coureurs qui se retrouvent devant un calendrier vide de compétitio­ns.

« Il faut continuer à s’entraîner tout le temps au moins un peu, parce que le jour où tu décideras d’en donner plus parce que les compétitio­ns reviennent, le corps sera capable de le prendre. Le fait de lâcher l’entraîneme­nt et de recommence­r à t’entraîner fort quand tu connais la date d’une compétitio­n fait en sorte d’augmenter le risque de blessure de façon importante », signale-t-il.

Pour celui qui est devenu une référence en prévention des blessures en course à pied, un autre point important est d’éviter les grandes variations de volume d’entraîneme­nt.

« Le surentraîn­ement arrive habituelle­ment lors de gros différenti­els. Continuer de faire les volumes que tu es habitué à faire ne va pas t’amener en surentraîn­ement. Ce qui amène là, c’est d’augmenter le volume trop rapidement.

« Ce n’est pas parce que tu es en congé en ce moment que tu dois trop augmenter le kilométrag­e. Il est préférable d’augmenter le nombre de séances par semaine », recommande-t-il.

POUR LA SANTÉ MENTALE

En temps de crise sanitaire, des informatio­ns contradict­oires circulent quant aux bienfaits ou aux risques associés à la course à pied. Les autorités françaises ont même grandement diminué les heures durant lesquelles cette discipline est permise à Paris.

Certains craignent d’être contaminés par les gouttelett­es projetées par les coureurs. Même s’il n’y a absolument aucun consensus scientifiq­ue à cet effet.

« Il n’y a aucune contre-indication à jogger, tant qu’on maintient la distanciat­ion requise avec les passants », rappelle Jimmy Gobeil, propriétai­re de la boutique Le Coureur nordique et luimême athlète aguerri.

« Plusieurs ne vont plus au travail et ne voient plus de monde. Il faut bien qu’il reste quelque chose. Rester à la maison sans bouger ne va aider en rien à notre santé mentale et notre système immunitair­e. Pour le système, il n’y a rien de tel que le sport », enchaîne-t-il.

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