Une saison de course amochée
Les coureurs doivent gérer leurs énergies à travers une vague d’annulations
Il n’y a pas que les grandes ligues sportives professionnelles que la COVID-19 a envoyées au plancher. Le petit monde de la course à pied souffre aussi de la crise, et les coureurs, privés de leurs objectifs, doivent apprivoiser l’inconnu.
Le calendrier de courses pourra-t-il être relancé cet automne ? Entre-temps, comment gérer l’entraînement pour garder la forme, tout en évitant une surcharge ? Les athlètes les plus expérimentés n’ont pas à naviguer dans ce type de questionnement.
Le commun des mortels qui s’adonne à la course à pied et qui se découvre une passion pour la compétition nage toutefois dans l’inconnu.
Le site de course iskio. ca fait état de quelque 130 courses annulées sur le territoire québécois, en plus d’événements reportés.
« La question qui demeure, c’est combien de courses vont rester après tout ça ? Certains commanditaires n’auront peut-être plus les dollars marketing pour soutenir les événements », réfléchit Marianne Pelchat, rédactrice en chef de Kmag, magazine québécois de course à pied.
PAS LE TEMPS DE LÂCHER
Pour Blaise Dubois, président de La clinique du coureur, ce n’est certainement pas le moment de baisser la garde pour les coureurs qui se retrouvent devant un calendrier vide de compétitions.
« Il faut continuer à s’entraîner tout le temps au moins un peu, parce que le jour où tu décideras d’en donner plus parce que les compétitions reviennent, le corps sera capable de le prendre. Le fait de lâcher l’entraînement et de recommencer à t’entraîner fort quand tu connais la date d’une compétition fait en sorte d’augmenter le risque de blessure de façon importante », signale-t-il.
Pour celui qui est devenu une référence en prévention des blessures en course à pied, un autre point important est d’éviter les grandes variations de volume d’entraînement.
« Le surentraînement arrive habituellement lors de gros différentiels. Continuer de faire les volumes que tu es habitué à faire ne va pas t’amener en surentraînement. Ce qui amène là, c’est d’augmenter le volume trop rapidement.
« Ce n’est pas parce que tu es en congé en ce moment que tu dois trop augmenter le kilométrage. Il est préférable d’augmenter le nombre de séances par semaine », recommande-t-il.
POUR LA SANTÉ MENTALE
En temps de crise sanitaire, des informations contradictoires circulent quant aux bienfaits ou aux risques associés à la course à pied. Les autorités françaises ont même grandement diminué les heures durant lesquelles cette discipline est permise à Paris.
Certains craignent d’être contaminés par les gouttelettes projetées par les coureurs. Même s’il n’y a absolument aucun consensus scientifique à cet effet.
« Il n’y a aucune contre-indication à jogger, tant qu’on maintient la distanciation requise avec les passants », rappelle Jimmy Gobeil, propriétaire de la boutique Le Coureur nordique et luimême athlète aguerri.
« Plusieurs ne vont plus au travail et ne voient plus de monde. Il faut bien qu’il reste quelque chose. Rester à la maison sans bouger ne va aider en rien à notre santé mentale et notre système immunitaire. Pour le système, il n’y a rien de tel que le sport », enchaîne-t-il.