Le géant au grand coeur
Russe Egor Sokolov, des Eagles, livre des paniers d’épicerie au Cap-breton
Egor Sokolov a fait le bonheur des partisans des Eagles du Cap-breton avec 46 buts et 92 points. Mais depuis l’annulation de la saison dans la LHJMQ, il redonne encore plus à sa communauté d’adoption, la ville de Sydney en Nouvelle-écosse.
Le Russe de 19 ans a préféré rester dans les Maritimes plutôt que de rentrer chez lui à Iekaterinbourg, en Sibérie occidentale.
« Quand j’ai pris ma décision, il y avait une possibilité de reprendre les activités dans la LHJMQ, a-t-il rappelé lors d’une longue entrevue téléphonique au Journal. Je ne pouvais pas partir aussi loin et courir le risque de me retrouver en isolement pour une période de deux semaines à mon retour. J’ai pris cette décision en parlant avec mes parents. C’était le meilleur choix de rester au Canada. »
« Le Cap-breton est ma deuxième maison, j’aime cette région. Je me sens bien. Quand je pense à la Russie, je m’ennuie surtout de ma famille. Il n’y a personne de malade chez moi en Russie. Ça me rassure aussi. »
UN LIVREUR PARTICULIER
S’il est tombé sous le charme du Cap-breton, il fait aussi tout pour se faire aimer en retour. L’ailier de 19 ans a pris son rôle de citoyen à coeur depuis le début de cette pandémie. Il aurait pu s’isoler dans le soussol de la résidence d’ashley et Kyle Ryan à jouer à des jeux vidéo, mais il a préféré aider sa communauté.
À l’invitation de sa famille de pension, il passe son temps libre à distribuer des paniers d’épicerie pour les personnes plus vulnérables à ce satané virus.
« Je joue à Sydney depuis trois ans et je cherchais une façon de redonner à la communauté, a-t-il expliqué. Ma famille de pension est propriétaire d’une épicerie. Ils cherchaient une personne pour faire des livraisons. Ma famille d’accueil a fait beaucoup de choses pour moi et je n’ai jamais hésité à dire oui pour les aider. »
« C’est aussi une belle façon d’aider les gens du Cap-breton. Je croise aussi plusieurs de nos partisans. Ils sursautent quand ils réalisent que c’est moi qui dépose les sacs devant la porte. Il y a de jeunes partisans qui me reconnaissent. Après les premières livraisons, certaines personnes ont placé un chandail des Eagles dans une fenêtre. J’ai même vu mon chandail no 26 avec mon nom dans le dos. C’était assez cool. »
« Si je peux procurer un sourire à un jeune enfant ou même à des grandsparents, j’ai le sentiment du devoir accompli. Il y a des personnes plus âgées qui doivent rester à la maison et ils n’ont pas de famille pour faire leur épicerie. »
APPRENDRE UNE LANGUE
Sokolov, le 73e espoir en Amérique du Nord pour le repêchage de 2020, partait de loin à son arrivée à Sydney à l’automne 2017.
« Je ne parlais pas du tout anglais, se rappelle-t-il. J’utilisais les traductions avec Google pour me faire comprendre par mes coéquipiers ou ma famille de pension. Pour les trois ou quatre premiers mois, je ne disais pratiquement pas un mot. Je trouvais ça pénible. J’ai suivi des cours d’anglais avec un enseignant et j’ai pris ça très au sérieux. J’ai débloqué assez rapidement puisque je vivais dans un univers uniquement anglophone. Aujourd’hui, je peux donner de longues entrevues en anglais. Comme avec toi pour Montréal ! »
Jacques Carrière, le directeur général des Eagles, a le sourire dans la voix quand il décrit son protégé.
« Egor est un géant au grand coeur. C’est une personne phénoménale. Il a grandi tant sur la glace qu’à l’extérieur. Je suis tellement fier de son parcours et je lui souhaite d’atteindre son rêve, soit de jouer dans la LNH. »
Sokolov, un ailier de 6 pi 4 po et 223 lb, a gagné le respect des gens qui l’entourent pour son engagement sur la glace, mais aussi communautaire.
« Quand j’ai appris qu’il livrait des commandes d’épicerie pour des personnes âgées, je n’étais absolument pas surpris, a dit Jack Grimes, l’entraîneur en chef des Eagles. C’est un automatisme de sa part. Ça fait partie de son caractère : il veut aider les gens. Il a un grand coeur. Il dégage une énergie tellement positive. Il aime la vie et il est drôle aussi. S’il y a des dizaines d’enfants à la sortie de l’aréna, il signera des autographes jusqu’au dernier jeune encore présent. Il n’oubliera personne. C’est ça, Egor Sokolov. Il y a du beau et du bon en lui. »