Le Journal de Quebec

Saisies de drogues en forte baisse

La pandémie complique l’importatio­n de stupéfiant­s

- ERIC THIBAULT

Les saisies de drogues importées de l’étranger sont en nette régression aux portes d’entrée du pays depuis le début de la crise de la COVID-19.

L’agence des services frontalier­s du Canada (ASFC) rapporte au Journal une baisse de 61 % du nombre total de ses saisies de stupéfiant­s dans l’ensemble de ses points de surveillan­ce en mars, comparativ­ement au même mois en 2019.

Les agents frontalier­s avaient alors confisqué de la drogue à 3185 reprises. En mars dernier, la récolte n’a été que de 1234 saisies.

L’ASFC n’était pas en mesure de préciser le nombre de saisies au Québec, où son réseau comprend notamment une dizaine de points de contrôle à la frontière canado-américaine, l’aéroport Trudeau à Dorval, le centre de traitement du courrier internatio­nal Léo-blanchette à SaintLaure­nt, ainsi que le port de Montréal.

ÉCARTS DE PRIX

Cette diminution laisse présager que le crime organisé, qui contrôle le marché de la drogue, est lui aussi affecté par les restrictio­ns de mouvements décrétés depuis mars à la frontière et aux aéroports pour limiter la propagatio­n de la COVID-19.

Une grande partie de la cocaïne que les Hells Angels, la mafia italienne et la pègre libanaise importent de la Colombie ou du Pérou transite par voie terrestre aux ÉtatsUnis et arrive au Québec, cachée dans des véhicules.

Malgré les mesures gouverneme­ntales, le crime organisé québécois parvient à maintenir en partie son approvisio­nnement par d’autres moyens, selon des sources interrogée­s par Le Journal.

Signe que la cocaïne continue à entrer en sol québécois, il était toujours possible d’acheter un kilo à 52 000 $ dans la grande région de Montréal la semaine dernière, soit environ le même prix qu’avant le début de la crise sanitaire.

Par contre, plusieurs grossistes de ce marché illicite vendent le kilo autour de 65 000 $ puisque plusieurs organisati­ons criminelle­s ont haussé le prix de la poudre blanche dès l’arrivée de la pandémie.

Les forces policières ne constatent pas de pénurie de coke au Québec.

ATTENTION AUX PORTS

La criminolog­ue Anna Sergi, qui prévoyait à court terme des ralentisse­ments dans l’importatio­n de drogues au Québec lors d’une entrevue au Journal il y a un mois, interprète avec prudence ces statistiqu­es de L’ASFC.

« Les mesures de restrictio­ns liées à la COVID-19 perturbent surtout les activités à la frontière et dans les aéroports. Mais ce n’est pas le cas pour le transport maritime », a rappelé la professeur­e à l’université britanniqu­e d’essex.

Elle souligne que les grands ports, comme celui de Montréal, sont traditionn­ellement utilisés par les narcotrafi­quants pour importer des cargaisons massives de cocaïne, de haschisch ou d’héroïne.

L’ASFC n’a annoncé aucune saisie d’importance au Québec en mars, mais elle a, entre autres, confisqué plus de 25 kg de cocaïne à l’aéroport de Toronto, d’une valeur de plus de 3 millions $.

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PHOTO D’ARCHIVES En Grande-bretagne, la police a intercepté mardi dernier un camion transporta­nt des masques chirurgica­ux à travers lesquels étaient dissimulés 14 kg de cocaïne.

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