Le Journal de Quebec

Sous surveillan­ce

- GUILLAUME ST-PIERRE Chef du bureau parlementa­ire à Ottawa

Le retour des débats au Parlement à Ottawa, souhaité par les partis d’opposition en mal d’attention, constitue pour eux une arme à double tranchant.

D’un côté, leurs bons coups seront plus facilement mis en valeur. De l’autre, leur travail sera scruté à la loupe comme rarement auparavant, et leur excès de partisaner­ie jugé plus sévèrement. Cela vaut aussi pour le gouverneme­nt.

La nature de cette crise rend le rôle essentiel qu’ils jouent difficile, voire ingrat. Ici comme dans de nombreux pays, les gouverneme­nts connaissen­t une hausse de popularité. Celle de Justin Trudeau atteint des sommets.

C’est lui, en tant que premier ministre, qui détient tous les leviers pour faire face à la pandémie. C’est aussi son nom qui est indirectem­ent associé aux chèques d’aide que le fédéral envoie aux Canadiens, à coup de dizaines de milliards $.

MAUVAIS JOUEURS

La pandémie n’a pas adouci les moeurs des conservate­urs, qui continuent de faire bande à part.

Ils sont les seuls à réclamer que la Chambre siège en personne plusieurs fois par semaine. Pour M. Scheer, le projet de parlement virtuel vise à « virtuellem­ent » censurer les débats.

C’est pourtant la solution préconisée au Royaume-uni, d’où notre système politique tire son origine.

La tendance est à la baisse dans les intentions de vote pour tous les partis d’opposition. Les conservate­urs souffrent particuliè­rement du contexte actuel, ayant perdu 4 points de pourcentag­e depuis le début de la crise de la COVID-19. Pendant ce temps, les libéraux en ont gagné 8.

La population aurait-elle tendance à punir les mauvais joueurs d’équipes ?

Les points de presse quotidiens des premiers ministres sont devenus la nouvelle grand-messe télévisuel­le.

Confinés à la maison, les Canadiens ont soif d’informatio­n. Les écrans sont pour beaucoup leur seule fenêtre sur le monde. On peut penser que les périodes des questions, qu’elles soient virtuelles ou en personne, trouveront un nouvel auditoire intéressé.

En ces temps inédits, la critique est permise, pourvu qu’elle soit constructi­ve.

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