« Loulou » peut enfin manger en paix !
Nos journalistes vivent eux aussi toutes sortes de problèmes et de péripéties dans leur vie quotidienne. Ils nous livrent ici leurs témoignages personnels dans lesquels plusieurs de nos lecteurs se reconnaîtront.
En temps normal, ma petite fille prend tout son temps pour manger son déjeuner. Pour tout vous dire, sa mère et moi sommes souvent exaspérés, chaque matin, par sa lenteur.
Il a fallu que notre quotidien soit complètement chamboulé par ce terrible virus pour qu’une fille de deux ans et demi puisse manger à son rythme sans être grondée.
Loin d’être anecdotique, ceci illustre à quel point nos vies se résument souvent à une course effrénée vers plus de performance et de profits.
Le travail — censé nous éloigner de l’ennui, du vice et du besoin, selon Voltaire — occupe tellement de place dans nos existences qu’il finit par nuire au bien-être des enfants que nous prétendons chérir.
Confinée depuis des semaines à la maison et privée de la compagnie de ses amis de la garderie, notre « Loulou » me donne parfois l’impression d’être plus heureuse. Non seulement elle mange désormais à son rythme, mais elle a le droit à des lectures de « P’tit Loup » à toutes les heures de la journée. Elle peut même jouer et danser avec ses parents quand bon lui semble, y compris pendant mes très sérieuses conférences téléphoniques professionnelles.
Loin de moi l’idée de minimiser les impacts dévastateurs de la COVID-19. Les morts se comptent déjà par dizaines de milliers à travers le monde. Pis encore, on n’en est peut-être qu’aux débuts d’un cauchemar aux allures de film de science-fiction.
AIDER SON PROCHAIN
Malgré les innombrables catastrophes qu’il cause, ce virus a au moins le mérite de nous permettre de revoir nos priorités. Et si la COVID-19 nous permettait enfin de revenir aux choses essentielles comme jouer avec nos enfants et prendre vraiment soin de nos proches ?
Ce virus devrait également nous pousser collectivement à un brin de modestie. L’être humain, si confiant en sa présumée supériorité intellectuelle et scientifique, se trouve aujourd’hui totalement au dépourvu.
Son ennemi est un vulgaire agent infectieux invisible à l’oeil nu. Sans verser dans l’ésotérisme, il y a là de quoi méditer longuement sur notre place dans l’univers.
Alors que les frontières se ferment et que l’économie mondiale semble s’écrouler sous nos yeux ébahis, essayons au moins de créer de petits espaces de solidarités locales. Pensons au voisin âgé qui ne peut plus sortir faire ses courses.
Aidons la mère monoparentale qui ne sait pas si elle pourra payer son prochain loyer. Soutenons le travailleur qui sera bientôt à court d’argent. Prenons des nouvelles de l’étudiant étranger esseulé.
Ça nous permettra (peut-être) de nous en sortir grandis.