Le Journal de Quebec

Pourquoi ma fille me rejette-t-elle ainsi ?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

J’ai eu ma fille avec mon premier mari qui m’a fait vivre l’enfer pendant 25 ans avant que je ne me décide à divorcer. Ma fille m’a accueillie chez elle pendant ma période de transition entre mon départ de chez son père et mon arrivée dans mon nouveau logement. Nous avons profité de ce temps pour nous faire des confidence­s, et ma fille me semblait avoir compris mes raisons de quitter son père violent et alcoolique. Malgré cela, je l’ai toujours laissée libre de le revoir.

Puis j’ai fait la connaissan­ce d’un homme charmant qui est venu vivre avec moi. Ma fille ne l’a pas pris et elle a cessé net de me voir sans donner d’explicatio­n. Je ne sais pas si mon ex a démenti ce que je lui avais dit à son sujet ou si c’est parce qu’elle n’apprécie pas mon nouveau conjoint, mais toujours est-il qu’elle m’a rejetée de sa vie. Comment faire pour la faire parler ?

Moi qui me suis sacrifiée pour ne pas séparer ma fille d’un père qui usait sur moi d’une rare violence psychologi­que et à qui l’alcool ne faisait pas, je suis décontenan­cée. Comment lui faire cracher sa vérité ? Une mère qui se sent lésée

À moins qu’il ne se soit passé entre elle et vous quelque chose que vous me cachez volontaire­ment, la seule raison qui pourrait justifier un tel comporteme­nt de sa part serait qu’elle se retrouve dans un conflit de loyauté envers son père. Même si elle est au courant de sa violence ainsi que de son alcoolisme qui ont certaineme­nt altéré sa vie d’enfant, le fait d’accepter votre deuxième conjoint consistera­it à commettre un acte de trahison à son égard.

Tout cela peut vous paraître irrationne­l, mais comme il s’agit d’émotions ressenties de sa part, il est possible que ça la perturbe. Cessez de vous acharner à vouloir la faire parler, car ça risque de la cantonner encore plus dans son mutisme. Faites-lui savoir que son attitude vous chagrine, mais que vous la respectez dans son choix et que vous serez toujours là pour elle, si jamais elle revenait à de meilleurs sentiments.

Les retrouvail­les sont loin d’être toujours heureuses

Le texte de AS, cette femme qui proclame son droit inaliénabl­e d’enfant abandonnée à la naissance de connaître ses origines, me donne envie de lui répliquer que les retrouvail­les entre les enfants donnés en adoption et leurs mères biologique­s ne peuvent jamais être heureuses ni satisfaisa­ntes. Pour la bonne et simple raison qu’une mère qui abandonne son enfant est à mes yeux obligatoir­ement une personne méchante qui se débarrasse.

Il faut arrêter de chercher d’autres raisons à leur geste. Ma femme a retrouvé sa mère juste avant de mourir à 35 ans et ce fut la pire chose qui pouvait lui arriver, puisque cette dernière lui a raconté qu’elle l’avait abandonnée parce qu’elle n’avait pas d’argent pour la faire vivre. Voyons donc, est-ce une raison valable pour poser un tel geste ? Eh bien moi je dis NON ! Ma femme est morte en me laissant ma fille à élever et moi je ne l’ai pas abandonnée pour une vulgaire question d’argent. S.A.

De un, je vous signale que la loi

113 qui donne aux enfants adoptés le droit de connaître leurs origines est réclamée depuis trop d’années par ces derniers pour qu’on la rejette comme vous le faites. La preuve de son bien-fondé, c’est que votre femme elle-même a tout fait pour retrouver la sienne avant de mourir.

Et de deux, je vous trouve bien vite sur la gâchette pour porter de telles accusation­s de malveillan­ce à l’endroit de femmes qui, la plupart du temps à une certaine époque, n’avaient pas le choix d’abandonner leur enfant sous la pression sociale.

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