Le Journal de Quebec

Il n’importera plus de masques en raison de la bureaucrat­ie

Un homme d’affaires aurait pu s’en faire livrer près de 20 millions par mois

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE

Après avoir importé plus de 1,5 million de masques pour les travailleu­rs de la santé, un entreprene­ur de Saint-jean-sur-richelieu est découragé par la lourdeur de la bureaucrat­ie et ne compte plus effectuer d’autres commandes.

« J’ai juste voulu faire ça pour aider le monde au front, et ce n’est pas avec mon fournisseu­r en Chine que j’ai eu de la misère, c’est avec [nos] gouverneme­nts fédéral et provincial. Ils m’ont complèteme­nt enlevé le goût. »

L’aventure de Dominique Plouffe, propriétai­re de Service marine Canada, a débuté à la fin mars lorsqu’il a réalisé que l’un de ses fournisseu­rs était en mesure de lui livrer près de 20 millions de masques par mois, et ce, rapidement.

Voyant que le personnel de la santé commençait à en manquer, M. Plouffe a sauté sur l’occasion.

Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-centre lui en a donc commandé 100 000.

Des entreprise­s lui en ont également demandé afin de faire des dons dans des hôpitaux.

Après des démarches interminab­les et une demande de permis d’importatio­n de produits médicaux, M. Plouffe a finalement pu livrer sa marchandis­e dans le réseau de la santé trois semaines plus tard.

LONGUEUIL, CHANDLER, MONCTON

Ses masques se sont donc rendus au personnel des hôpitaux Charles-le Moyne à Longueuil, de Chandler en Gaspésie, de l’archipel aux Îles-de-la-madeleine et de Moncton au Nouveau-brunswick.

« Je ne fais pas une cent, moi, là-dessus, je les revends au prix coûtant à ceux qui en veulent parce que j’ai l’opportunit­é de le faire et que je veux aider », dit-il.

Peu de temps après l’obtention de son permis, croyant que l’importatio­n serait désormais beaucoup plus simple, l’homme d’affaires a effectué une deuxième commande de 1,3 million de masques. Mais ce coup-ci, c’est avec le système de santé québécois qu’il a eu beaucoup de difficulté.

COUPS DE FIL SANS RÉPONSE

Selon lui, les coups de fil demeurent majoritair­ement sans réponse, même si ses masques ont été approuvés par Santé Canada et sont stériles. Un organisme gouverneme­ntal lui a notamment demandé de traduire toute la paperasse en anglais ou en français, ce qu’il a fait. Il est toutefois sans nouvelles depuis.

« Je n’aurai pas de misère à écouler le stock des compagnies privées, tout le monde veut des masques, mais je trouve ça décevant, parce que c’était pas mon intention première », confie-t-il.

Après bientôt un mois de démarches, la bureaucrat­ie gouverneme­ntale aura finalement eu raison de la bonne foi de Dominique Plouffe.

« J’attends ma dernière batch, là. Après ça, c’est fini, je n’en commande plus », lance-t-il.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? Un entreprene­ur de Saint-jean-sur-richelieu, Dominique Plouffe, qui tient un masque dans une main, a fait livrer en début de semaine des milliers de masques à l’hôpital Charles-le Moyne, de l’arrondisse­ment de Greenfield Park, à Longueuil (en mortaise).
PHOTOS COURTOISIE Un entreprene­ur de Saint-jean-sur-richelieu, Dominique Plouffe, qui tient un masque dans une main, a fait livrer en début de semaine des milliers de masques à l’hôpital Charles-le Moyne, de l’arrondisse­ment de Greenfield Park, à Longueuil (en mortaise).

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