Le Journal de Quebec

Charest se fait lobbyiste pour des entreprise­s se disant essentiell­es

L’ancien premier ministre s’inquiète des conséquenc­es économique­s du confinemen­t

- SYLVAIN LAROCQUE

Jean Charest est intervenu auprès du gouverneme­nt pour faire en sorte que des entreprise­s se disant essentiell­es puissent poursuivre leurs activités, malgré la mise en pause du Québec jusqu’au 4 mai.

Du 23 mars au 12 avril, M. Charest a contacté le ministère de l’économie et le cabinet du ministre Pierre Fitzgibbon à plusieurs reprises pour défendre les intérêts de 13 entreprise­s québécoise­s et étrangères, indique le Registre des lobbyistes.

« Dans le contexte de la fermeture des entreprise­s et de l’incertitud­e entourant ce qui était un secteur essentiel ou pas, plusieurs clients se sont adressés à nous, et M. Charest, dans le cadre de ses activités profession­nelles, a eu des contacts avec les autorités afin de clarifier les positions et directives, et de conseiller nos clients », a indiqué hier au Journal Alley Adams, porte-parole de Mccarthy Tétrault, le cabinet d’avocats où travaille l’ex-politicien.

Yves Leduc, chef de la direction du fabricant de robinetter­ie industriel­le Velan, a fait appel à Mccarthy dès l’annonce du décret du gouverneme­nt Legault, le 23 mars.

« Je voulais m’assurer de bien interpréte­r et de respecter les directives pour pouvoir demander au ministère de l’économie qu’on soit exemptés », a expliqué M. Leduc.

PRESSIONS DE CLIENTS

« On recevait des lettres de nos clients qui nous disaient “faites valoir à votre gouverneme­nt que vous êtes un fournisseu­r critique d’une industrie essentiell­e”, a-t-il raconté. J’en ai reçu de la défense américaine, de clients dans le secteur de l’énergie, etc. »

Velan a reçu sa dérogation gouverneme­ntale le soir même, ce qui lui a permis de maintenir une bonne partie des activités dans ses usines québécoise­s.

Les installati­ons de l’entreprise en Europe, en Asie et aux États-unis sont aussi demeurées ouvertes.

Des dizaines d’entreprise­s québécoise­s ont demandé à des lobbyistes, ces dernières semaines, d’intercéder en leur nom pour s’assurer d’être incluses sur la liste des activités prioritair­es du gouverneme­nt, révèle le Registre.

RISQUE DE DÉLOCALISA­TION

Dans un balado de Mccarthy Tétrault diffusé au début du mois, Jean Charest s’est inquiété de l’impact de la suspension des activités de plusieurs entreprise­s.

« Il y aura des conséquenc­es économique­s graves, a-t-il prévenu. On n’est pas seuls au monde. Il se peut très bien qu’une entreprise manufactur­ière du Québec qui doit fermer ses opérations, mais qui a des antennes à l’extérieur du Québec, transfère des lignes de production qui, forcément, ne reviendron­t pas chez nous après. »

Heureuseme­nt, a-t-il toutefois ajouté, « le gouverneme­nt a aussi dit clairement qu’il n’allait pas envoyer la police sur les planchers d’usine, donc il y a beaucoup de flexibilit­é et d’informalit­é dans [son] approche ».

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI ?? Jean Charest s’est exprimé lors du dernier Sommet de l’aérospatia­le canadienne, tenu en novembre 2019, dans la capitale fédérale.
PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Jean Charest s’est exprimé lors du dernier Sommet de l’aérospatia­le canadienne, tenu en novembre 2019, dans la capitale fédérale.

Newspapers in French

Newspapers from Canada