Le Journal de Quebec

Ça ne va pas bien

- ANTOINE ROBITAILLE e Blogueur au Journal antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

À la « messe » de 13 h, à Québec, on ne badine plus. Plus de tartelette­s portugaise­s ou d’annonce sympathiqu­e sur le statut profession­nel de la « fée des dents ».

Et pour cause.

Il y a un mois, le gouverneme­nt et le Québec étaient confiants et fiers.

On l’avait, la solution, et les leaders pour la porter. On se félicitait de la stratégie, que les Québécois ont embrassée en masse (avec raison).

On croyait sincèremen­t au slogan « ça va bien aller ». On regardait la Floride (avec ses plages ouvertes) de haut. « Ouf, ils vont se planter ! »

Or dans les chiffres, pour l’instant...

FINI L’OPTIMISME

Depuis le Samedi saint, on a compris que le Québec ne réaliserai­t pas les scénarios optimistes, portugais ou allemand. C’est l’hécatombe dans les CHSLD, on s’attend même à des « milliers de morts ».

Le gouverneme­nt Legault en est réduit à quêter encore plus d’aide de l’armée du Dominion pour régler les problèmes dans les résidences pour personnes âgées. (L’ontario aussi, mais dans une moindre mesure.)

L’armée auprès des vieux : l’image demeurera après la pandémie sans doute comme l’une des plus fortes.

On me dira que les armées sont là pour ça : non seulement pour aller combattre à l’étranger, mais aussi pour protéger et secourir leur peuple quand il le faut.

ENNEMI MINUSCULE

Lors d’une catastroph­e naturelle, on comprend : déluge du Saguenay, tempête de verglas, inondation­s, la capacité qu’a l’armée de se déployer, avec bras, camions, outils, est indispensa­ble.

La catastroph­e à laquelle nous sommes confrontés est bien « naturelle » en un sens, mais c’en est une de l’infiniment petit : un virus ! Rien à voir avec les éléments qui se déchaînent.

Que peut un tank contre un virus ? si vous me permettez l’image.

« Ça ne sera pas idéal, mais au moins, ça va être des bras pour nous aider », a expliqué François Legault, mercredi. Peu de soldats sur ceux disponible­s ont une formation en santé, mais ils contribuer­ont à sauver nos vieux. Je trouve cela admirable.

Mais cela demeure une preuve que « ça ne va pas bien ».

CHIFFRES TROMPEURS ?

La faute revient peut-être en partie aux statistiqu­es, soutient Horacio Arruda : « Faire des comparaiso­ns entre les pays qui ne comptent pas de la même façon, c’est trompeur. »

Ailleurs, souvent, on ne compterait pas les décès survenant hors hôpital.

Il y a peut-être là une cause de l’apparente contre-performanc­e du Québec dans cette lutte à la pandémie.

En même temps, on se compare le plus souvent avec les provinces canadienne­s, lesquelles ont des méthodes statistiqu­es passableme­nt similaires aux nôtres. De plus, lorsque les comparaiso­ns internatio­nales étaient à son avantage, François Legault n’hésitait pas à les faire.

Certes, sa gestion de la pandémie est loin d’être un échec absolu. En région et dans la Capitale, on peut même dire que « ça va [plutôt] bien », par exemple.

Mais ce n’est assurément pas le cas pour les vieux, principale­ment dans la métropole. Il faudra bien expliquer, un jour, dans une éventuelle commission, quelles erreurs ont été commises, et par qui.

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L’armée auprès des vieux : l’image demeurera sans doute après la pandémie comme l’une des plus fortes.

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