« Aucune preuve » d'immunité
L’OMS et Ottawa contredisent Québec, à l’approche du plan de déconfinement
Alors que le gouvernement Legault prépare un déconfinement progressif du Québec pour immuniser la population contre la COVID-19, L’OMS et Ottawa doutent sérieusement de l’efficacité de cette approche.
Le premier ministre François Legault et le directeur de la santé publique du Québec, Horacio Arruda, ont longuement insisté jeudi sur le fait que le Québec est rendu à l’étape de « l’immunité naturelle ».
« Il faut qu’il y ait une immunité qui se développe dans les prochains mois, a indiqué M. Legault jeudi.
L’idée, c’est d’y aller très graduellement pour que les personnes qui sont moins à risque puissent développer des anticorps et devenir immunisées. »
« AUCUNE PREUVE »
Or, l’organisation mondiale de la santé
(OMS) assure qu’il n’existe à ce jour
« aucune preuve » que les personnes qui ont contracté une première fois la COVID-19, et qui en sont guéries, puissent en être immunisées par la suite.
« Les personnes qui pensent être immunisées contre une seconde infection parce qu’elles ont été déclarées positives pourraient ignorer les recommandations de santé publique », a mis en garde l’organisation.
Le Journal s’est d’ailleurs entretenu avec un septuagénaire de Lanaudière qui a reçu un deuxième test positif à la COVID-19, après en avoir été guéri (voir autre texte).
PRUDENCE
Le premier ministre du Canada a laissé entendre, hier, que l’immunité ne fait pas partie de sa stratégie à court terme et qu’il valait mieux « pécher par excès de prudence ».
Se rangeant du côté de L’OMS, Justin Trudeau affirme « qu’il n’y a aucune science encore qui affirme que si on a attrapé la COVID-19 une fois, on ne peut l’attraper une deuxième fois ». La Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, croit même que « l’idée de générer une sorte d’immunité naturelle ne devrait pas être considérée ».
Toutefois, des experts pensent qu’il y a de « fortes chances » que le virus confère une certaine immunité ( voir autre texte).
Questionné sur sa divergence d’opinions par rapport au fédéral et à L’OMS, François Legault soutient qu’il y aurait de trop grands risques à garder les Québécois confinés trop longtemps, « en santé mentale notamment ».
« Toutes nos décisions sont prises sur recommandation de notre santé publique. [...] Le virus fera partie de notre quotidien pour de nombreux mois à venir. Il faut que la vie reprenne graduellement », peut-on lire dans un courriel envoyé par le cabinet du premier ministre au Journal.